31 décembre 2018

54/ Desproges par Desproges



Quel bonheur de retrouver cet artiste aimant déboulonner les statues aussi bien du monde des médias que celui des politiques! On ne peut que regretter qu'un tel personnage n'existe pas aujourd'hui. J'aurais tellement aimé l'entendre égratigner les décideurs actuels, si bouffis d'eux-mêmes et si méprisants avec ceux qui les ont élus, ou pas. Qu'aurait-il trouvé au sujet des gilets jaunes? et sur la mort sans fin d'un Johnny sacralisé au plus au point ? sur les réseaux sociaux? les "Balance ton porc", lui qui collectionnait les cochons? Et sur bien d'autres sujets encore, on se rend compte qu'il manque cruellement.

Une très belle piqûre de rappel qui fait du bien, un document indispensable qui présente l'homme et l'artiste, enrichi de très nombreuses photos.





29 décembre 2018

53/ Nos disparus

1918. Sam Simoneaux, dont la famille a été massacrée quand il avait six mois, débarque en France le jour de l’Armistice. D'abord déçu, il comprend sa chance lorsqu'on l’envoie nettoyer les champs de bataille de l’Argonne.
1921. Rentré traumatisé à La Nouvelle-Orléans où il est devenu responsable d’étage aux grands magasins Krine, Sam ne peut empêcher l’enlèvement, quasiment sous ses yeux, de Lily Weller, trois ans et demi. Licencié, sommé par les parents Weller de retrouver leur enfant, il embarque comme troisième lieutenant à bord de l’Ambassador, bateau à aubes qui organise des excursions sur le Mississippi. Le roman longe le fleuve sur fond de musique de jazz – orchestre noir, orchestre blanc et alcool de contrebande, à la rencontre d'une étrange population venue là pour danser, tenter sa chance sur les machines à sous ou se battre. Il faut bien se défouler!


Comme dans "Le dernier arbre", une grande importance est faite aux liens familiaux, sur ce qui nous est transmis et ce qu'on transmet à notre tour, sur les conséquences de nos actes.
A le lire, on comprend bien que l'auteur, à travers son héros pacifiste, ne partage pas la passion des armes de ses contemporains.

On est vraiment plongé dans l'ambiance jazz, croisière sur le Mississipi (plutôt sportive par moment!), et on retrouve le côté glauque et poisseux de l'univers des bayous, si bien montrée dans la série "True Detective" saison 1. 
Un bon scénario tiré du roman ferait un super film!

"Il ne parvint pas à trouver les mots pour finir sa phrase. Peut-être n'y avait-il pas de mots pour décrire l'absence d'envie de vengeance. En quoi la vengeance aurait-elle pu apporte quelque chose à un bébé si heureux d'avoir été tiré du poêle pour se retrouver entre les bras de son oncle? Il lui vint à l'esprit cependant que depuis il aurait pu comprendre, à un moment ou à un autre, si la vengeance était importante. Mais à quoi pouvait-elle bien servir ? A rendre la monnaie de sa pièce à un salaud ? On ne lui avait pas appris à penser de cette façon. Son oncle lui avait dit et répété que la vengeance ne menait nulle part et qu'un salaud se punissait tout seul en en étant un."

« Tu veux tirer un coup ?
- Ben oui.
- Qui tu veux ? »
Billsy réfléchit un moment.
« Cette fois, je voudrais bien une fille avec des dents. »


"Petit, un pistolet dans la poche d'un homme change sa façon de penser. Quand il n'en a pas, il hésite à prendre certains risques. Quand il en a un, il va là où il ne devrait pas, ou fait ce qu'il ne devrait pas faire. Il pense qu'une arme est un passe-partout, mais il se trompe.
- Mais c'est aussi une protection, non ? Un dispositif de sécurité?
- Quand on ne sait pas nager, il vaut mieux ne pas s'approcher de l'eau."







08 décembre 2018

BD18 Geisha ou le jeu du shamisen


Joji, qui a sept ans au début du récit, vient de quitter, avec sa famille, le village où il n'y a plus de travail pour son père.  La route est longue jusqu'à la ville porteuse d'espoir.


Tout va bien jusqu'au jour où son père a un accident et ne peut plus subvenir aux besoins de la famille. A contrecoeur, il vend sa fille aînée à Mme Tsushima, tenancière d'une okiya, maison de geishas. Cette femme va maintenant se charger de son éducation...

"La dame à qui je te confie te permettra d'avoir la vie que je ne peux pas t'offrir."



 L'histoire nous plonge dans le Japon du début du XXe siècle, avec un personnage de jeune fille qui, loin de correspondre aux critères de beauté attendus pour devenir une geisha, se révèle douée pour la pratique du shamisen, intelligente et sensible. On est vite en empathie avec Joji, rebaptisée Kitsune, la Renarde.
Les dessins sont magnifiques, particulièrement les paysages, les rues, le chat! Le noir et blanc, avec toutes les nuances de gris, est lumineux.
J'adooore!
J'ai hâte de lire la deuxième partie!


07 décembre 2018

52/ Les Supplices de la Passion


Le livre étant porté aux nues par une booktubeuse que je suis, j'ai voulu le lire sans plus attendre, surtout à 1.99 € sur le site de Kobo!

Déception!!! Plusieurs fois j'ai éteint la liseuse en levant les yeux au ciel. La première fois, c'est quand Philippe, le super flic macho, descend de sa Porsche...Ben voyons, c'est bien connu, les flics ont les moyens de s'en payer une!!! Se succèdent des scènes graveleuses et sexistes, les doigts d'honneur de Julie, l'héroïne hyper sexy, adressés à ses collègues obsédés. D'ailleurs, cette dernière, travaillant avec une telle équipe et se rendant sur une scène de crime abominable, n'a rien trouvé de mieux que d'enfiler une robe courte et transparente et en plus, oups!, comme elle s'est habillée très vite, elle a oublié de mettre des sous-vêtements!! Oh, mais quelle étourdie, cette Julie!
On a également droit à des scènes présentant une sorte de catalogue érotique, des scènes classiques, à des scènes qui le sont moins: avec une prostituée, puis deux, une scène lesbienne... Et c'est normal que la jeune fliquette trop mignonne soit attirée par un quadra voire même un quinqua? ...D'accord, d'accord, pourquoi pas!

Le texte est truffé d'erreurs. Des erreurs comme celle-ci: 
" - Bonjour Mademoiselle Fronsac, bien dormi?
Julie posa son téléphone et regarda le médecin qui se tenait au bout de son lit.
- Euh oui, merci... mais dites auriez-vous l'heure car je crains que mon téléphone n'ait un problème, il indique dix-neuf heures trente.
Le médecin lui adressa un franc sourire et Julie ne put s'empêcher de le trouver séduisant.
- Je vous rassure Julie, je peux vous appeler Julie? Votre téléphone fonctionne parfaitement. Il se trouve qu'il est bien seize heures vingt."   ÔÔ

Et les tirets? c'est bien quand on change de personne dans un dialogue, comme celui qui est au-dessus? Très souvent, ils sont mis pour la même personne, donc il faut bien relire pour savoir qui a dit quoi!
On trouve aussi de belles fautes de français comme: "Elle ria dans l'appareil."  Si si, je vous jure! ÔÔ

Je ne savais pas que j'avais acheté une épreuve non-corrigée...

Que dire de l'intrigue? Les meurtres sont violents, on a affaire à un bon gros serial killer, un début d'enquête nous apporte quelques éléments, très bien. Mais on nous entraîne plus souvent dans les histoires de cul des personnages que dans la recherche d'indices et la vérification de preuves. Quant à Philippe, le soi-disant super flic, il ne se montre pas vraiment brillant, même si l'auteur nous répète très souvent qu'il l'est. 
Mais, ô miracle, Julie résout l'affaire au cours d'un voyage en train entre Bordeaux et Toulouse. Ce qui est formidable, c'est qu'elle arrive à tout bien ranger dans sa tête, ce qui lui permet de tout comprendre. Si encore, on avait pu suivre son raisonnement, sa recherche "mentale", mais non! C'est à la fin que tout se dénoue, on a toutes les explications, les causes, les effets et le coupable. Mais  ça ne me suffit pas, je n'adhère pas à la fin, surtout après toutes les invraisemblances accumulées!
NON, non et non! Même si quelques scènes sont réussies, vraiment peu, trop de lourdeurs, de "pfff" et de "ben voyons!" pour moi.

Ceux qui aiment les polars et défendent la cause des femmes s'abstenir!

01 décembre 2018

La Tresse, en livre audio


Ce roman nous conte les destins de trois femmes (Smita, Giulia, Sarah), dans trois pays différents (Inde, Sicile, Canada), dans des contextes différents. Ce qui les relie toutes les trois, c'est d'abord la difficulté d'être une femme: le roman raconte leur combat quotidien , pour s'affirmer en tant qu'être à part entière et lutter pour devenir ce pour quoi elles vivent. Elles luttent contre la discrimination et brisent les chaînes que leurs sociétés tentent de leur imposer.
Elles sont courageuses face à l'adversité et assument fièrement leur féminité.

La lecture a su capter mon attention alors que j'écoutais en conduisant, sans doute grâce à l'alternance des histoires et des voix des trois lectrices, une par héroïne. On les suit avec plaisir et intérêt jusqu'au dénouement où tout est relié, comme l'annonce si bien le titre.

Il ne manque plus que le film...qui arrive!

"Amazone : vient du grec "mazos" : mamelle, précédé du "a" : privé de. Ces femmes de l'Antiquité se coupaient le sein droit, pour mieux tirer à l'arc. Elles formaient un peuple de guerrières, de combattantes à la fois craintes et respectées, qui s'unissaient aux mâles des peuplades voisines pour se reproduire, mais élevaient leurs enfants seules. Elles employaient des hommes pour assurer les tâches domestiques. Elles menaient de nombreuses guerres, dont elles sortaient souvent vainqueurs."

22 novembre 2018

50/ La femme et l'ours


Petite modification: "La serpe" étant très souvent emprunté à la médiathèque, j'ai décidé de le remplacer par un autre livre de Jaenada. 
  
Bix Sabaniego, l'alter égo de Jaenada, aime son fils et sa femme, mais le train train quotidien de cette petite famille étouffe le couple. Lors d'une crise de trop, notre anti-héro décide de prendre l'air et s'ensuit un voyage tragico-loufoque, nimbé d'alcool et de désir sexuel trop longtemps contenu.

"La vie sans alcool ou adjuvant de ce genre est ingrate, trop lisse, trop plate pour qu’on l’embrasse  – on n’a que quelques années à sentir son cœur battre, quelques années pour profiter de tout, et le premier mot d’ordre serait la sobriété ? La retenue ? Restons lucides et modérés ? C’est idiot.

 "J'avais cru réagir, me propulser énergiquement hors de mes rails pour trouver mieux, alors que ce n'était en réalité qu'une brève mise hors du monde, de mon monde, qu'une fuite stérile et vaine, dont le seul but du moins était d'atteindre un précipice."

J'y ai retrouvé avec grand plaisir le style (parenthèses et digressions) et l'humour (teinté de noir, mais plus débridé) de l'auteur découvert avec "La petite femelle". Ici s'ajoutent fantaisie et beuveries d'un personnage en chute libre.
 

18 novembre 2018

BD16 Heidi au printemps


Excellent résumé du site des éditions Delcourt:

"En reprenant le personnage d’Heidi, devenue jeune femme, Marie Spénale raconte la découverte du corps, les premières relations sexuelles et l’émancipation dans un conte initiatique et explicite sur le passage à l’âge adulte.

Le temps innocent des balades bucoliques dans les Alpes se termine. Heidi est
 désormais une jeune femme avide de découvertes. De son corps, pour commencer, mais aussi de celui de Peter, le joli chevrier. Entre ces premières fois maladroites et un grand-père qui ne veut pas la voir grandir, entre les désirs et les angoisses, se dessine finalement une grande question : comment devient-on femme ?"
















 A qui s'adresse cette BD? "à un public averti" comme annoncé sur la couverture? Dans ce cas, même si cette BD est plutôt charmante, elle n'est pas inoubliable. Pour des ados? mais alors, qui est ce "public averti", des ados avec autorisation de leurs parents???






09 septembre 2018

Le Livre sur la Place 2018

Comme si je n'avais pas assez de livre à lire!!! Voici mes dernières acquisitions, toutes dédicacées:









24 août 2018

38/ Poussière d'homme


Ce récit est une déclaration d'amour post-mortem. L'auteur s'adresse directement à l'homme aimé et perdu, raconte la douleur de cette perte définitive, douleur plus vive encore car incompréhensible, trop jeunes pour même pouvoir l'envisager. Il raconte aussi la rencontre, les premières vacances, les débuts d'une vie à deux, hélas trop brève, la maladie, la mort.
" Rien d'autre que la mort n'aurait pu nous séparer. Elle ne s'est pas gênée."

Bien que ce soit d'une grande tristesse c'est très beau, l'écriture douce et poétique rend le récit encore plus bouleversant. 

début:
"Ce dimanche 3 avril, au soir, tes jours d'homme m'ont filé est entre les doigts. Au presque commencement de ma vie, je t'ai perdu, toi avec qui je voulais la finir. Nous avions oublié d'être mortels, le temps nous a rattrapés. La voix blanche et la colère noire, j'ai eu beau t'appeler, tu étais déjà parti, loin. Ta vie, minuscule tourbillon de quelques lunes et soleils, cessait là de tournoyer, sur le rivage carrelé, blanc et glacé, d'un hôpital. Un an sans toi, il y a trop longtemps, il y a si peu. Mais l'absence se rit du temps, elle déchire les calendriers, dérègle les horloges, rend folles leurs aiguilles. L'absence est un compagnon fidèle qui coule désormais mes chemins d'exilés."



"Il m'apparaît que nous avons lâchement oublié de vivre avec la mort. Elle est cet objet encombrant que l'on enfouit au fond de soi. Nous la fuyons, la cachons, la nommons à demi-mot. Nous l'avons aussi dépouillée de ses rituels. En d'autres temps, la mort s'accompagnait de gestes qui venait de très loin et du partage le plus intime, on osait la regarder en face, longuement et lentement, pour mieux la dompter.
Parce qu'on craignait qu'elle ne ... plus jamais de la maison, on éteignait le feu, s'abstenait de balayer et veillait à vider les seaux et les récipients où elle aurait pu se tapir. On voilait les miroirs et on enlevait une tuile du toit afin qu'elle puisse s'échapper. Après s'être acquitté d'un jeu de porte ouverte ou fermée, on sortait de la maison pour appeler la mort et la convaincre de quitter les lieux. On sonnait le glas et, selon un circuit rigoureux, on prévenait tout le voisinage du décès de son proche. On voilait les ruches et prévenait même les animaux de la ferme de la perte du maître. Alertés, parents et voisins accouraient avec le souci d'accompagner le défunt. Les adieux duraient des jours et des jours. Aujourd'hui, on les expédie, entre deux rendez-vous, au cœur d'une ville qui ne sait pas se taire."



23 août 2018

37/ L'oiseau du bon dieu


C'est à travers les yeux d'Henry Shackleford, jeune esclave de douze ans, anti-héros, que nous suivons l'épopée de John Brown, dit le Vieux, puis Capitaine, antiesclavagiste un brin halluciné, illuminé par une foi inébranlable en Dieu et son fils Jésus, de 1856 à sa mort en 1859. Il s'est donné pour mission de libérer les Noirs du sud des États-Unis et se lance dans une véritable guerre avec son armée de renégats. 
Henry est pris pour une fille, est surnommé "Petite Échalote" et devient le porte-bonheur de Brown et de sa bande. Embarqué dans l’aventure bien malgré lui, il finira par s'attacher à ce grand personnage historique et son regard apporte au roman de la loufoquerie, un peu de férocité et beaucoup d'humanité mais il est loin d'être naïf.

Je ne connaissais absolument pas John Brown et encore moins cet épisode qui a sans doute été la première secousse abolitionniste d'envergure dans le pays. James Mc Bride nous permet de rencontrer d'autres grands personnages, tout aussi inconnus de moi d'ailleurs, Noirs ou Blancs, qui ont oeuvré sans doute avec moins de folie dans le sens de John Brown. Et ce n'est pas avec Trump que ces personnages risquent d'être mis à l'honneur!

JOHN BROWN



















 FREDERICK DOUGLAS
 quelque peu égratigné dans ce roman!



 HARRIET TUBMAN
 Bien que la rencontre soit très brève, l'auteur nous fait ressentir la forte personnalité et l'importance de cette grande Dame.




Projet de billet de 20 dollars...
 Harriet Tubman, celle que l’on surnomme « Black Moses » (Moïse Noire) sera le visage du futur billet de 20 dollars qui doit être mis en circulation vers les années 2020. C’est l’un des billets les plus utilisés par les Américains. Une manière symbolique de reconnaitre la bravoure et la détermination de cette femme noire durant la lutte contre l’esclavage et la guerre de Sécession. (de l'article de creoleways en lien ci-dessous)


 Deux articles sur le net la concernant:

https://creoleways.com/2016/04/21/harriet-tubman-lheroine-noire-abolitionniste-en-effigie-sur-le-billet-de-20-dollars-us/

https://www.la-croix.com/Monde/Ameriques/Harriet-Tubman-Moise-noire-2018-05-08-1200937448


Ce roman, fantasque et émouvant, est pour moi une très belle découverte! Au début je me suis demandée dans quel délire m'embarquait Mc Bride, mais quand j'ai compris que certains personnages et surtout que les évènements avaient vraiment existé, cela a augmenté l'intérêt et le plaisir de ma lecture.

 extraits:

p.259
"- On s'est fait rouler par un malfaisant, l’Échalote. Le diable est à l' œuvre. Mais le Seigneur estime que nous n'avons pas besoin d'entraînement pour mener notre guerre. Par ailleurs, mon grand plan est sur le point d'être déclenché. Il est temps de rassembler les reines des abeilles. On file au Canada.
- Pourquoi, Capitaine?
- Est-ce que c'est sur l'homme blanc que les Noirs peuvent compter pour mener leur guerre, Petite Échalote ? Non. C'est sur les Noirs eux-mêmes. On est sur le point de lâcher les vrais gladiateurs dans ce combat contre l'iniquité diabolique. Les chefs du peuple noir eux-mêmes. En avant."

 p.265
"-  Je m'appelle Harriet Tubman. Et je connais cet homme. (Elle fait un signe de tête en direction du Capitaine.) John Brown, il a pas à expliquer quoi que ce soit à la simple femme que je suis. S'il dit qu'il a un bon plan, c'est qu'il a un bon plan. Y a personne ici qui peut en dire autant. Il en a pris des coups, pour les gens de couleur, et il est resté debout. Il a une femme et des enfants qui meurent de faim chez lui. Il a déjà donné la vie d'un de ses fils pour la cause. Y en a combien ici qui en ont fait autant ? Il vous demande pas de nourrir ses enfants, hein ? Il vous demande pas de l'aider non plus. Il vous demande de vous aider vous-mêmes. De vous libérer vous-mêmes."

25 juillet 2018

34/ L'ours Histoire d'un roi déchu


Encore un livre passionnant de Michel Pastoureau, historien médiéviste, à la croisée de l'histoire et de la zoologie, qui tente de rendre hommage à un animal autrefois adoré et aujourd'hui en voie d'extinction, relégué dans les musées. 
De l'ours des cavernes à l'ours qu'on tente vainement de réintroduire dans nos Pyrénées, le regard que l'homme porte sur cet animal n'a cessé d'évoluer tout au long de l'histoire de l'humanité, avec un rôle prépondérant de l’Église. Mais pourquoi? Comment l'ours, d'une image de puissance suscitant l'admiration dès la Préhistoire et pendant l'Antiquité est-il arrivé à une quasi extinction?

Tout est clairement expliqué, avec de nombreux exemples concrets et en s'appuyant sur des textes historiques et je ne regrette qu'une chose: le manque d'illustrations! Heureusement, internet pallie à cette frustration! Mais j'aurais vraiment aimé un livre comme il l'avait fait pour les couleurs, rendant ses livres très beaux en plus d'être très instructifs.


18 juillet 2018

33/ Le livre des animaux


J'avais déjà lu deux livres de Mario Rigoni Stern: "Le Sergent dans la neige" et "La dernière partie de carte", dans lesquels il retraçait des souvenirs de guerre. Ce thème n'est pas des plus attractifs pourtant je les avais lus avec plaisir, certainement à cause de cette écriture sensible et humaniste.

Ici encore, il nous livre des récits mais cette fois c'est en tant qu'observateur amoureux de la nature et particulièrement des animaux qui vivent près de chez lui: les Alpes italiennes de Vénétie.
Ce bestiaire est peuplés de chiens, de chasse surtout, de chevreuils, d'insectes, d'oiseaux, de lièvres, de loirs et d'une ânesse très émouvante.
C'est attendrissant, certes, mais pas seulement. Par ses observations il ne peut que constater que l'activité humaine a un impact négatif sur la nature, même éloignée de la ville et de ses pollutions diverses, et même lorsqu'il veut bien faire, l'homme provoque un déséquilibre aux conséquences vite visibles: maladies, disparition progressive d'espèces...

perdrix bartavelles

coq de bruyère

faisans de montagne

fauvette

harfang

hibou

perdrix blanche

pic épeiche
p.75 
"Depuis toujours, l'été a été pour moi la saison la moins éclatante et la plus inerte: c'est comme si après l'explosion du printemps, suivi de la montée de la lymphe dans les végétaux et de l'amour chez les animaux, venait une pause, un repos, une méditation un peu lasse. L'été est aussi pauvre en couleurs; le bois est uniforme, les prés sont uniformes; l'air, après la fenaison, n'a plus les parfums qui caractérisent chaque heure de la journée; les oiseaux ont presque renoncer à leurs chants, dans le domaine des sons, on entend plus que le bruit de l'orage, ou celui des touristes. L'autre soir, sur le tard, le silence presque inconsistant de la nature a été ravivé pour moi par l'agréable chant du sage hibou qui saluait la nouvelle lune avant de se mettre en chasse."

17 juillet 2018

32/ lait et miel


Un peu de poésie contemporaine!
C'est d'abord un très bel objet: les textes, souvent très courts, à la manière de haïkus, sont illustrés par l'auteure elle-même, ce qui renforce le sentiment d'intimité.
Le recueil se partage en quatre parties: souffrir, aimer, rompre, guérir, quatre moments d'une vie sentimentale. Il traite de nombreux sujets dont la féminité, au centre de cette œuvre, l'estime de soi, l'inceste, la beauté du monde...
Même si la première partie est dure par ce qu'elle évoque, il s'en dégage une grande sérénité et beaucoup de douceur. C'est très beau. A lire sans modération.

mon coeur m'a réveillée la nuit dernière
il pleurait
comment puis-je t'aider lui demandai-je
mon coeur m'a répondu
écris ce livre

 je suis l'eau

suffisamment douce
pour offrir la vie
suffisamment dure 
pour la noyer

quand tu es brisée
et qu'il t'a quittée
ne te demande pas
si tu étais
assez
le problème c'est
que tu étais tellement
qu'il n'était pas capable de le porter



09 juillet 2018

31/ L'Affaire des Corps sans Tête


Voici un livre qui ne faisait pas parti du défi 2018 au départ mais, en suivant la vidéo de Gérard Collard sur youtube, celui-ci a réussi à me donner envie de le lire et ma sœur me l'a offert pour mon anniversaire. Aussitôt reçu, aussitôt lu!
On est en 1791, aux lendemains de la Révolution française, dans un Paris qui tente de construire la démocratie... Des cadavres sont repêchés dans la Seine et l'intrigue va révéler un complot dans les plus hautes sphères du pouvoir. Bien que totalement sorti de l'imaginaire de l'auteur, il est complètement plausible, bien pensé, bien intégré dans les événements historiques. 
En plus de l'aspect polar, le héros, Victor Dauterive, nous entraîne dans le quotidien de l'époque, à la rencontre de différents corps de métiers, à la rencontre de personnages historiques (Marat, La Fayette, Louis XVI, Olympe de Gouge, etc), partage les difficultés de survie du peuple des quartiers pauvres.
Il faut un peu s'accrocher au départ à cause du nombre impressionnant de personnages, mais ça vaut vraiment le coup pour ressentir l'époque.

Il existe deux autres romans qui font suite à ce premier volet:
- L'Affaire de l'homme à l'escarpin
- La Disparue de Saint-Maur
et ils sont dans ma PAL! J'ai hâte de les lire mais ce ne sera pas pour tout de suite... Un 4e est en route!
Il existe un site dédié, par l'auteur: http://www.lesenquetesdevictordauterive.com/
et un facebook...

"A cinquante toises de la rive, le bachot fit une dangereuse embardée. Massieu redressa l'embarcation in extremis, d'un bon coup de godille, les yeux écarquillés dans la pénombre. Il avait heurté quelque chose, mais quoi? Il se pencha et découvrit une masse blanchâtre. L'objet, perturbé dans sa trajectoire, tournait sur lui-même, tout près du bord. Massieu étouffa un hoquet de dégoût.
C'était un corps."

08 juillet 2018

BD11 Troubles fêtes


Attention, réservé aux plus de 18 ans!!!

Ce n'est pas la première fois que je lis une BD de Loisel, en plus en version ebook: j'ai beaucoup aimé son Peter Pan, j'ai adoré sa série "Magasin général", épopée québécoise et l'incontournable "Quête de l'oiseau du temps".
Mais alors là, surprise!, on est dans un tout autre univers puisqu'il aborde ici le genre érotique.
"Une ode au plaisir, rustique et très déshabillée." © Humanoîdes Associés
Le scénario est de Rose Le Guirec, qui n'est autre que la compagne de Loisel.
Ce sont des nouvelles charmantes, coquines et la dernière, ambiance vénitienne, plus longue avec beaucoup plus de texte que de dessins.
Grand Prix Angoulême 2003

01 juillet 2018

30/ Les Passeurs de livres de Daraya

C'est en tombant sur cette photo en octobre 2015, sur le facebook de Humans of Syria, et surtout en en lisant la légende, que Delphine Minoui, grand reporter au Figaro, décide d'en retrouver l'auteur:
https://www.facebook.com/HumanOSyria/

une bibliothèque secrète au coeur de Daraya

S'ensuivent des liaisons via skype et what's app avec Ahmad, le photographe en question, qui va nous conter la fabuleuse histoire d'une résistance, pacifiste ou armée, face aux forces de destruction massive développée sous les ordres de Bachar al-Assad. Une bibliothèque clandestine depuis fin 2013, face à la barbarie et la mort.

"- Notre révolution s'est faite pour construire, pas pour détruire."p.18
"- Les livres, c'est notre façon de rattraper le temps perdu, d'effacer à jamais l'ignorance, énonce-t-il à mi-voix." p.24
"Pour lui, ce lieu n'est pas seulement un espoir de guérison, c'est aussi un sas de respiration. Une page d'espoir dans le roman noir de la Syrie."p.27

D'autres activistes insoumis, Abou, Omar, Shadi, Hussam, vont se succéder devant la webcam et ainsi partager leur goût pour les livres, passion toute récente pour certains, leurs réflexions et leur courage.
Daraya, la ville rebelle, a résisté à la dictature tant qu'elle a pu, mais elle a su résister également aux intégristes.
Récit bouleversant, on enrage de voir à quel point le combat est inégal, à quel point, les autorités internationales , comme d'habitude, les laisse tomber. Et eux gardent espoir après avoir compris qu'un autre monde était possible, et, comme la Révolution française, cela prendra du temps...

"- La guerre est perverse, elle transforme les hommes, elle tue les émotions, les angoisses, les peurs. Quand on est en guerre, on voit le monde différemment. La lecture est divertissante, elle nous maintient en vie. Si nous lisons, c'est avant tout pour rester humain." p.49

et p.90, l'auteure nous donne la traduction de ce qui est écrit sur le dessin mural, qui sert de couverture au livre:
"Avant, on blaguait en disant: pourvu que l'école s'effondre. Et elle s'est effondrée."
et en lettre de sang, l'élève est en train d'écrire "Daraya" qui signifie "nombreuses maisons"...

Quelques uns des livres de Daraya:
L'Alchimiste, de Paulo Coelho
Al-Muqaddima (Le Livre des exemples), d'Ibn Khaldoun (historien tunisien qui tente de déterminer les causes de la montée et du déclin des dynasties arabes)
Le Petit Prince, de Saint-Exupéry
La Coquille (Al-Qawaqa'a), de Moustafa Khalifé (récit à la première personne des douze années de détention dans la  "prison du désert", la redoutable prison de Palmyre. Est traduit de l'arabe chez Actes Sud.)
Les Misérables, de Victor Hugo
Les sept habitudes des gens efficaces, de Stephen Covey (manuel de développement personnel, "Ce livre nous est précieux, précise Ahmad. C'est un peu notre boussole"p.83)





"Debout sur une petit scène improvisée, deux chanteurs entonnent des airs connus dans un micro. Comme un seul corps, la foule se met à fredonner une mélodie chargée d'allégresse. "Jenna! Jenna!" Paradis! Paradis! Je reconnais ce refrain, c'est le refrain de leur révolution, qu'ils ont ressusité au fond de leur sous-sol.
"Jenna! Jenna!"répètent-ils en choeur. L'appel lancinant d'une espérance. Le baume d'un chant, celui de la liberté, rescapé des profondeurs de la cité."

Un livre indispensable!