31 mars 2018

BD5 Une soeur

C'est l'été. La petite famille (Papa, Maman, Antoine, Titi) se rend dans sa maison de vacances. Pendant le trajet, la mère reçoit un coup de fil: Sylvie vient de perdre son bébé. Quelques cases plus loin, elle débarque avec sa fille Hélène, de trois ans plus âgée qu'Antoine.

Décidément, Bastien Vivès aime mettre en scène des personnages féminins. Même si le narrateur est le personnage principal, c'est grâce à Hélène qu'il s'ouvre à la sensualité. Ça sent le vécu et je ne serais pas étonnée d'apprendre que ce récit est en grande partie autobiographique!
Il s'en dégage une grande douceur et une tendresse sincère alliées à une sexualité débutante.

J'ai largement préféré cette BD à "Polina", les caractères sont plus marqués, les personnages existent vraiment donc on éprouve beaucoup plus d'empathie. Le petit frère est assez formidable.

B. Vivès & Casterman 2017

B. Vivès & Casterman 2017

22 mars 2018

BD4 Old Dog

Cette BD est un manhwa, autre mot pour désigner un manga mais coréen.
Un homme retourne dans la ville où habitaient ses parents. Il écrit l'histoire de sa famille et évoque la mort de son père, la maladie de sa mère, ses propres regrets et ses souvenirs…
Nostalgie de l'enfance, même pauvre, douceur des souvenirs, l'émotion est présente tout au long de cette BD. 
L'auteur alterne les scènes du présent dans un dégradé de gris et les scènes du passé en couleur. 




à suivre...
 

14 mars 2018

BD3 Odile et le crocodile

Odile B. est agressée mais la justice de 1984 ne lui accorde qu'un regard condescendant. La jeune victime se révolte et transforme sa douleur en plaisir de tuer.
Les crocodiles sont partout, elle a de quoi assouvir son instinct de prédatrice! A lire, mais aucun des personnages ne sort indemne de cette histoire, même la victime, devenue meurtrière, ne suscite aucune sympathie! Ambiance noire et glaciale...
C'est drôle de le découvrir aujourd'hui, à l'heure où la chasse aux crocodiles est officiellement ouverte et que l'écoute a évolué, un peu...

"Mes violeurs étaient d'une famille "respectable"... Le juge s'attendait à ce que je sois reconnaissante qu'ils aient daigné me violer..."

"Ce qui m'a étonné, c'est le plaisir que j'ai éprouvé en enfonçant le coupe-papier... J'ai compris que je ne l'avais suivi que pour le tuer... " 


10 mars 2018

BD2 Gérard cinq années dans les pattes de Depardieu

Mathieu Sapin n'en mène pas large lorsqu'il rencontre Gérard Depardieu. L'acteur a accepté qu'il fasse son portrait et l'aventure commence. La vie de la star mondiale n'est pas de tout repos! D'abord en Azerbaïdjan, puis en Russie, chez son ami Poutine. On retrouve le personnage flamboyant, généreux, amateur d'art, un peu fou, sensible, pas commode parfois, que l'on connait à travers ses films et les médias.
Mathieu Sapin réussit un portrait sincère, sans rien dévoiler de l'intimité de son sujet, riche (dans tous les sens du terme, d'ailleurs!), où se révèle peu à peu l'homme dans sa solitude, dans sa complexité, dans sa démesure. Les fêlures affleurent...
L'album est épais mais comment faire autrement avec un tel personnage?






12/ L'étoile jaune de l'inspecteur Sadorski

L'inspecteur Sadorski, surnommé Sado, n'est pas un héros classique. Il n'a rien pour plaire: antisémite, anticommuniste, pétainiste, libidineux il louche sur sa jeune voisine juive de 15 ans.
Mais tout n'est pas aussi simple, parce qu'il est capable de sauver deux femmes, juives, prêtes à être déportées. Et au moment où on le considère de manière plus positive parce que malgré tout il se révèle très humain, alors il se comporte de manière ignoble, profitant de sa position d'inspecteur, abusant de son pouvoir.
Ce roman très noir, qui se déroule sur quelques mois de 1942, pendant la période française la plus noire de son histoire: l'Occupation, s'appuie sur les archives de la police et décrit parfaitement la société française de l'époque et l'ambiance qui devait régner à Paris.  
Grand roman!

"Je rappelle que ces consignes sont pour les commissaires. C'est sous les ordres de ceux-ci que vous maintiendrez les arrestations ou que vous relaxerez les Juifs interpellés. Donc, messieurs, pas d'initiative, ni dans le sens de la clémence ni dans celui de la sévérité. Vous m'avez entendu, Magne? Nous sommes des fonctionnaires français, pas des SS. Il suffira d'obéir à la consigne de notre hiérarchie. C'est la mission de la police. La loi et l'ordre doivent être appliqués, nous en sommes les fidèles garants. La population de Paris a besoin que nous la protégions des indésirables, lesquels forment ce milieu corrupteur où prospère le terrorisme rouge..." (p.374)

"Il s'amuse à filocher les petits jeunes. Sans décider encore s'il tapera aux fafs, embarquera cette fille. Le Vél' d'Hiv' doit se remplir sérieusement à l'heure actuelle. Déambulant derrière eux, il jouit de son pouvoir. Léon Sadorski est leur destin. Celui de la youpine, en tout cas. Selon ce qu'il décidera, au gré du moment, de l'inspiration, il représente sa mort (peut-être) ou sa vie. Elle n'est pas attirante mais plutôt vulgaire, avec son allure quelconque, son sac en tricot multicolore, sa jupe bariolée, ses socquettes blanches. Ses souliers bon marché à "semelles flex" en lamelles de bois qui cliquettent. Une très jeune employée - du genre de celles qu'il a embarquées sur la plate-forme de l'autobus tout à l'heure devant leur atelier - probablement dans la confection, la fourrure. Une adolescente mal dégrossie. Qui a eu le culot pourtant de se séparer de son étoile!" (p.432)

02 mars 2018

BD1/ Polina

"Polina", c'est le parcours d'une danseuse très douée, vite repérée par un prestigieux mais difficile professeur.  Malheureusement, le personnage ne me touche pas vraiment. On la suit dans son travail, dans ses amours, etc. Ses réussites ne la rendent pas vraiment heureuse, cela manque de passion là où justement, la passion aide à supporter toutes les douleurs. Elle manque de charisme...
 En revanche, j'aime le trait, le style du dessin, donc à suivre.

 

01 mars 2018

11/ Être ici est une splendeur


"Écoutez la jeune épousée: "La pureté de la femme, c'est encore une de ces bêtises délicates! Qu'est-ce que cette idée contre nature?... Qu'est-ce que ces insanités? Et pourquoi nous élevez-vous d'une main jusqu'aux étoiles pour nous attirer de l'autre sur la terre? Ne pouvez-vous nous laisser cheminer sur cette terre, côte à côte avec l'homme? Il nous devient impossible de nous mouvoir avec sûreté au milieu de toute cette prose... Laissez-nous donc tranquilles, pour l'amour de Dieu, laissez-nous tranquilles!"

"Paula a laissé tomber la perspective. Elsbeth est à plat sur la plaine. Elle est haute exactement comme la digitale. Les poules sont devant son torse. L'herbe, le bois et le ciel font trois bandes de couleur. Les pieds sont dans les racines. Le visage incliné est un infini vers l'enfance. La robe explose de blancheur. Aucune ombre. Comment a fait Paula pour donner à ces petites joues, à ces petits bras, le relief doux et rond absent du reste de la toile? Elle a mis vingt-sept ans - elle a mis toute la vie."

"1902. Une jeune fille devant une fenêtre. Le visage est encadré de deux vases. Derrière, les arbres, et toujours la colline en triangle. Le visage est penché, le regard ailleurs, mélancolique et pensif.


Paula l'a peinte sur une plaque d'ardoise. De ce support singulier, il semble que la robe, les vases, les yeux, tirent un gris sombre. Le visage est fendu par une fine cassure. L'ardoise est fêlée. Le tableau est intransportable. Il m'est arrivé de retourner à Brême seulement pour le voir."


Très beau portrait d'une artiste oubliée, Paula M. Becker à l'aube du XXe siècle. Oubliée parce que femme? Parce que partie trop jeune des suites de son accouchement difficile? Libre et talentueuse, elle fut une femme très en avance sur son temps et on ne peut qu’approuver ses paroles ultimes "Dommage!", mais heureusement, il reste ses œuvres, même incomplètes et un musée à Brême qui porte son nom!
Musée Paula Modersohn Becker
Paula et Otto Modersohn, son mari


Ses amis: Clara Westhoff, sculptrice, et Rainer Maria Rilke, poète







Buste de Paula, réalisé par Clara
Heinrich VOGELER
"Vogeler lui consacra courageusement, en 1938, un article dans un magazine antinazi."