23 octobre 2011

22/40: La Vigie et autres nouvelles


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Recueil de 9 nouvelles.
Trente-sept annuités et demi, portrait d'un horrible fonctionnaire, m'a vite barbée,
Le témoin, vrai fait divers. Un jeune se fait massacrer sans que personne ne bouge à la Maison pour Tous.
Natalya, on est en plein roman d'espionnage, quand le personnage principal va se faire torturer avant d'avouer ou de mourir en héros... évidemment, il y a un truc et il y a même un 2e effet, mais là, ça fait froid dans le dos.
Les gars du 16, scène futuriste dans la vie d'un camp.
La colère d'Adolphe, injustice au Paradis.
La vigie, mort d'un poilu qui était la vigie du quartier, en secret.

p.99:
"quand le soleil tardait à fuir sous la ligne d'horizon, les types du 12 et du 15 venaient; parfois même ceux du 27, avec lesquels, pourtant, il y avait des tas de problèmes...
Farouk prit son violon et joua une de ses vieilles mélopées tsiganes que le Vieux aimait tant. Sven chanta. Sa voix gutturale chevauchait maladroitement la mélodie nostalgique. Les yeux clos, apaisé, le Vieux sourit.
- Je m'en vais, les gars, murmura-t-il.
- Tu déconnes! grogna Dietrich. Tu nous enterreras tous.
Le Vieux sourit et tourna la tête vers Gianni.
- Chante, Gianni, chante, la chanson que je t'ai apprise...
Gianni posa sa tasse et, plissant le front, se remémora les paroles que le Vieux fredonnait souvent. Des paroles dont personne n'aurait pu préciser le sens.
- Avanti popolo, alla riscossa!
Bandiera rossa, bandiera rossa...
- C'est ça, Gianni, balbutia le Vieux, c'est ça, petit, continue...
- Bandiera rossa deve trionfar!
Bandiera rossa deve trionfar...
- Et toi, François, chante aussi! demande le Vieux en se redressant.
Juan tassa un oreiller et le déposa derrière les épaules du vieillard pour qu'il soit plus à l'aise. François se racla la gorge et entonna La Pelle du [Gros Mine Terne]"

15 octobre 2011

21/40: Nevrospiral

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Les 4 personnages de ce roman (Ian, Samuel, Anita, Richard) sont tous perturbés, obsédés, névrosés. On entre dans leur tête par alternance.
C'est contemporain, original et prenant.

p.99:

(Samuel)"Ni mot sur la porte ni courrier sur la boîte aux lettres. Les lundi et jeudi suivants, absent tout pareil. C'est alors qu'un voisin, me voyant déambuler sur son paillasson, il le fait exprès d'être aussi lugubre?, m'a pris par le bras et m'a entraîné chez lui avant de me faire mon l'escalier le plus dangereux de ma vie. Je m'attendais à découvrir Pollen dans le grenier au bout d'une corde.
"Jacques a fait une dépression. On ne peut plus le joindre, il est en pleine cure de sommeil. Même moi, il refuse de me prendre en ligne. Avec tous ces dingues qu'il reçoit tous les jours, attention,je ne dis pas ça pour vous, ça devait finir par arriver. C'est comme ce verre..." Il l'a poussé doucement à l'extrémité de la table jusqu'à trouver le point d'équilibre instable. "La pire, c'est sa belle-fille. Figurez-vous qu'elle veut l'épouser. Ravissante, au demeurant. Vous savez, ils absorbent, c'est comme des éponges, et à un moment, ils dégorgent." Il a poussé le verre un peu plus de sa main gauche et l'a rattrapé in extremis de la droite avant qu'il s'écrase au sol. "Rassurez-vous, il s'en sortira." Bizarrement, ça m'a soulagé d'apprendre que Pollen était malade de la tête. Au départ, les crises se sont multipliées, accentuées, très vite j'ai retrouvé un semblant d'équilibre. Un noeud se détendait à l'intérieur de moi. Je n'étais pas si fragile.
Des mois et des jours plus tard, Pollen m'appelle. Une voix blanche. Un timbre de mourant."

02 octobre 2011

20/40: Seul le silence

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Joseph a 12 ans lorsqu'il découvre dans son village le corps d'une fillette assassinée. C'est l'une des premières victimes d'une longue série de crimes. La vie de Joseph, qui est le narrateur , est ponctuée d'abord par ces crimes qui deviennent une véritable obsession mais ensuite par une succession de drames personnels. Ne pouvant que très difficilement vivre sa vie, il veut devenir écrivain.
Côté lecteur, on balance sans cesse entre soupçons et doutes, mais ce n'est pas "qu" 'un thriller...

p.99:

"Plus tard, ils avaient dit beaucoup de choses. Apparemment le cœur du garçon avait lâché. Pour ainsi dire explosé. Il s’était tué à fuir la chose qui l’effrayait. Ironique, mais vrai.

Je m’enfuis de la même manière de chez moi. Je courus le long de la clôture qui bordait la grand-route, coupai par le bosquet de tupelos et à travers le coin de la jachère de Kruger jusqu’à atteindre la maison de Reilly Hawkins.

Reilly était absent, peut-être était-il parti à la chasse aux rats, ou à la chasse au tueur d’enfants, et j’attendis dans le silence frais de sa maison pendant plus de deux heures.

« Jésus Marie mère de Dieu ! » tonna-t-il quand j’émergeai du coin sombre de sa cuisine. Puis : « Qu’est-ce que ?...Bon sang, Joseph, qu’est-ce qui s’est passé ? On dirait que quelqu’un vient de marcher sur ta tombe. »

Je lui racontai ce que j’avais vu.

Il demeura un bon moment silencieux. Il secouait la tête et soupirait. Il semblait réfléchir, non pas à ce qu’il allait dire, mais plutôt à la manière de le dire pour que je puisse comprendre.

« Les gens sont compliqués, commença-t-il. Les gens se sentent seuls, ils ont peur, et parfois la seule manière de se sentir mieux, c’est d’être proche d’une autre personne, proche comme on dit dans la Bible.

- Ils avaient un rapport sexuel, n’est-ce pas ?, demandai-je.

- Oui, d’après ce que tu me dis, ça y ressemble certainement.

- Et ça, ce n’est pas dans la bible. »

Reilly sourit.

« Si, ça y est…"