28 avril 2013

14/42: Rien ne s'oppose à la nuit

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237 pages

Ma mère était bleue, d'un bleu pâle mêlé de cendres, les mains étrangement plus foncées que le visage, lorsque je l'ai trouvée chez elle, ce matin de janvier. Les mains comme tachées d'encre, au pli des phalanges.
Ma mère était morte depuis plusieurs jours.

Le début donne le ton. Delphine de Vigan vient de trouver sa mère qui a choisi le suicide. 
Construit en trois parties, ce récit retrace la vie de Lucile, enfant puis femme d'une grande beauté mais dont le mal de vivre lui rend le quotidien si insupportable qu'elle va développer une maladie mentale terrible pour elle, pour les siens et surtout ses enfants.
Delphine de Vigan cherche l'origine du mal, essaie de retrouver au plus près cette mère si fragile, si différente. Pour cela, elle collectionne les traces écrites (sa mère en a laissé beaucoup), les témoignages de ceux qui l'acceptent: ses frères et soeurs, son autre fille, son ex-mari...
Comment mettre en mots tout cela? Comment faire lorsque les récits diffèrent?
Elle engage également une réflexion sur les difficultés (psychologiques, bien sûr, mais aussi physiques) rencontrées à l'écriture de ce genre de texte, sa façon de procéder.
"L'écriture ne peut rien. Tout au plus permet-elle de poser les questions et d'interroger la mémoire."

 Le récit est poignant, le drame est terrible mais à aucun moment on ne tombe dans le pathos. Tout n'est pas dit. Il faut continuer à vivre avec sans tout détruire des liens qui nouent les survivants de la famille. C'est son fils qui lui apporte une conclusion:
"Non. Personne ne peut empêcher un suicide." 

L'auteure:


 Delphine de Vigan est une romancière française née le 1er mars 1966 à Boulogne-Billancourt. Après divers petits emplois, elle a occupé à Alfortville un poste de cadre dans un institut de sondage. Aujourd’hui, mère de deux enfants, elle vit de sa plume depuis 2007.

Oeuvre:

  • 2001 : Jours sans faim, (sous le pseudonyme de Lou Delvig)
  • 2005 : Les Jolis Garçons
  • 2005 : Un soir de décembre (Prix littéraire Saint-Valentin)
  • 2007 : No et moi ( Prix des libraires 2009 ; Prix du Rotary International 2009)
  • 2008 : Sous le manteau (ouvrage collectif)
  • 2009 : Les Heures souterraines  (Prix des lecteurs de Corse 2010 ; prix du roman d'entreprise)
  • 2011 : Rien ne s'oppose à la nuit  ( Prix du roman Fnac 2011  ; Prix Roman France Télévisions 2011 ; Prix Renaudot des Lycéens 2011  ;  Prix des lectrices de Elle

26 avril 2013

L'écume des jours

Des trouvailles techniques géniales, un univers et des dialogues loufoques, fantasques...
Mais on trouve le temps un peu long... et attention, c'est très triste.

24 avril 2013

La princesse de Clèves en audiolivre

lu par Michèle Morgan
126 min en 2 CD

Très beau texte classique que j'avais lu ado et que j'avais complètement oublié.
En plus, il est parfaitement lu.
La polémique autour du roman aura au moins permis d'attirer l'attention d'un certain nombre.

"A Madame de la Fayette (1634-1693), on ne doit pas seulement le premier roman d'analyse, mais une révolution des lettres françaises: pour la première fois, le coeur du roman, c'est la vie d'une femme, la Princesse de Clèves; pour la première fois, dans la société aristocratique du XVIIe siècle, qui la réduit au silence, elle fait entendre sa voix intérieure
La Princesse de Clèves parut, sans nom d'auteur, en 1678."



21 avril 2013

13/42: L'homme qui partit en fumée

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262 pages

C'était une petite chambre miteuse. Il n'y avait pas de rideaux et la fenêtre donnait sur un mur gris agrémenté de quelques armatures rouillées et d'une affiche délavée vantant une marque de margarine. Le carreau central de la partie gauche de la croisée manquait et avait été remplacé par un morceau de carton mal découpé. Le papier mural était à fleurs mais la suie et l'humidité l'avaient à tel point décoloré que les motifs étaient difficilement discernables. Par endroits, le plâtre s'était effrité et la tapisserie se décollait. Ici et là, on avait essayé de la rafistoler avec du Scotch et du papier d'emballage.

Dans cette chambre, un cadavre. Bagarre d'ivrognes qui a mal tourné. L'affaire est vite résolue, Martin Beck peut enfin partir en vacances pour un mois. Il rejoint sa femme et ses deux enfants dans une maison isolée sur une des îles de l'archipel de Stockholm.
Il est tout de suite rappelé d'urgence. Alf Matsson, journaliste, est porté disparu alors qu'il était en Hongrie pour son travail. Le Ministère des affaires Etrangères s'en mêle: pas d'histoires avec le bloc de l'Est! Profil bas et discrétion exigés.
Beck part donc seul sur les traces du reporter à Budapest, ville dont il découvre les beautés mais où il se sent vite observé...

Archipel de Stockholm
Les Bains de Budapest
 
Budapest au bord du Danube
Les auteurs:



A propos des auteurs voir ce précédent post:
http://lavieestbelleetcesttantmieux.blogspot.fr/2012/10/2340-lassassin-de-lagent-de-police.html

18 avril 2013

Les mauvaises gens

"Les Mauges, c'est cette région vallonnée qui couvre le quart sud-ouest du Maine-et-Loire."
"L'origine du nom "Mauges" reste l'objet de controverses...
Certains historiens, probablement mal intentionnés, suggèrent qu'il viendrait de la contraction des l'expression "Mauvaises Gens"."
Dans les années 50, c'est une région ouvrière (Eram...), rurale et très catholique.
Les JOC (jeunesse ouvrière chrétienne), des prêtres-ouvriers, de la CFTC devenue CFDT.
C'est en parlant de ses parents, Marie-Jo et Maurice qu'Etienne Davodeau évoque le milieu ouvrier et ses combats, jusqu'à l'arrivée d'un certain François Miterrand, porteur d'espoir....

16 avril 2013


Bernal-René est publiciste et finit par prendre en main la campagne qui peut changer son pays, le Chili.
Sous la pression internationale, Pinochet se voit contraint d'organiser un référendum en 1988:
OUI, pour qu'il poursuive son régime de terreur au nom du progrès économique
NON, place à la démocratie.
Au lieu de montrer la face noire de la dictature, René milite pour la JOIE qui découlera du changement.
La dictature prise à son propre piège!

Livre audio: Le Voyageur Imprudent


"Jeune et brillant mathématicien plongé dans l'horreur de la Seconde Guerre Mondiale, Saint-Menoux ne se doute pas de la rencontre qui l'attend. Un vieux savant infirme, Noël Essaillon, est parvenu à percer les mystères du Temps... Et quand ce dernier l'invite à se joindre à lui pour poursuivre plus avant ses travaux, Saint-Menoux est incapable de refuser. Cette étrange expérience le mènera du XVIIIe siècle à l'an 100 000 et ne se révèlera sans doute pas dénuée de risques... Surtout si l'amour et les ambitions personnelles viennent s'en mêler..."

5h32 ; lu par P. Bertin.
Pour cette histoire de voyages dans le temps, j'ai souvent décroché, mais ce n'est pas la faute du récit, souvent drôle et original. To be AND not to be: j'ai souvent été là sans être là! Exactement comme dans ce texte!


15 avril 2013

12/42: La Tristesse du Samouraï

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351 pages


PRÉFACE


Barcelone. Mai 1981

Il y a des gens qui refusent d'être aimés, ils préfèrent qu'on les quitte.María était de ceux-là. C'est sans doute pourquoi elle ne voulait voir personne, même en fin de parcours, dans cette chambre d'hôpital.
Elle se contentait de regarder les lilas, sa fleur préférée, que lui envoyait Greta. Ils essayaient de survivre dans leur vase, adoptant l'attitude héroïque des conquérants de l'inutile. Les pétales fragiles languissaient au fil des jours, affichant malgré tout une élégance discrète et chatoyante.


María se plaisait à croire que son agonie leur ressemblait: discrète, élégante, muette. Mais son père assis dans la pièce, au bout du lit, fantôme de pierre silencieux du matin au soir, le regard fixe, lui rappelait qu'il n'était pas si facile de mourir. D'ailleurs il suffisait que la porte s'entrouvre pour voir le policier en faction dans le couloir et comprendre que les événements de ces derniers mois ne s'effaceraient pas même après que les médecins auraient débranché la machine qui la maintenait en vie.

Thriller psychologique construit en puzzle. Les morceaux se mettent en place petit à petit, liant deux époques: celle des années franquistes avec ses phalanges noires et les années 80 où les bourreaux d'hier occupent des postes clés refusant toujours aux victimes et leurs descendants l'accès à la vérité et à la justice. Manipulations, tortures, meurtres: noir c'est noir mais la réalité historique ne semble pas si loin...

Citations:
 "Il y a des plaies incurables... mais nous devons avancer avec ce que nous sommes."
 "Rappelle-toi la devise du samouraï: L'honneur ou le déshonneur ne sont pas dans l'épée, mais dans la main qui l'empoigne."

L'auteur:


VĺCTOR DEL ÁRBOL
Victor del Arbol est né à Barcelone en 1968, de parents venus dans les années 60 d’Andalousie et d’Extrémadure.

Tour à tour soudeur, garçon de café et séminariste, il commença sans les terminer des études d’histoire, de droit et de théologie. Il est depuis vingt ans membre de la police catalane (Mossos d’Esquadra). Il a travaillé comme speaker et rédacteur pour le programme radio « Cataluña sin Fronteras ».
Mais surtout il est, et a toujours été écrivain. Les endroits clos l’asphyxient, il n’aime pas les salles de classe et a toujours préféré les livres.
Son premier roman El Peso de los Muertos publié en 2006 a reçu le prix Tiflos.
La Tristeza del Samurái (La tristesse du samouraï) a été traduit dans de nombreuses langues et lui a valu en 2012 le prix du meilleur polar européen décerné par Le Point.

Infos trouvées dans ce site dédié aux polars:  http://www.toulouse-polars-du-sud.com/

14 avril 2013

Wadjda

Une jeune écolière, Wadjda, a un rêve: s'acheter un vélo pour faire la course avec son ami, Abdallah, le fils du voisin.
C'est simple, en apparence, mais quand on vit en Arabie Saoudite, dans un milieu conservateur, cela devient quasiment impossible.
Mais c'est sans compter sur l'intelligence et la force de caractère de Wadjda.
Par petites touches, on découvre le quotidien de ces femmes qui doivent se cacher des yeux et des oreilles des hommes. Se voiler, se taire et subir. Mais jusqu'à quand?

Dans un pays où le cinéma est interdit, le fait que ce soit une femme qui le réalise est peut-être le signe que cela peut changer?

01 avril 2013

11/42: Sept histoires qui reviennent de loin

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165 pages

Début:
Passion francophone

- Monsieur Paul ! La 224... Elle a tout cassé !
Virginie, la femme de chambre, était descendue en courant pour prévenir le gérant et l'avait trouvé dans son bureau. Sitôt arrivé le matin, il s'y enfermait et allumait la télévision. Ce jour-là, la première chaîne retransmettait la visite de Gorbatchev aux États-Unis. La grande affaire du moment, c'était l'effondrement de l'URSS qui se déroulait en direct.
- Tout cassé, où ça ? grogna-t-il.
- Dans sa chambre, pardi ! Elle a retourné le lit, les fauteuils, la table, tout.
- On les remettra en place.
- Non, vous ne comprenez pas. Elle a une force incroyable, pour une petite femme comme ça. Les draps, elle les a déchirés en lanières. Elle a cassé le plateau en marbre de la table. Il ne reste plus un seul miroir dans la pièce. C'est un carnage.
- Est-elle seule ?
- Il y a cette bonne femme de l'ambassade avec elle. Mais ça n'a pas l'air de la calmer du tout.
L'ambassade ! L'ambassade soviétique. M. Paul hocha la tête. Une des conséquences des événements en train de se dérouler était cette soudaine arrivée de touristes russes, avec la bénédiction de leur ambassade.
- Pendant qu'elle casse, elle n'arrête pas de jacter. Et personne ne comprend ce qu'elle dit.


 Sept destins, sept moments de vie.
Les histoires sont intéressantes mais on n'est pas en empathie avec les personnages. Pour certains, on ressent même parfois le mépris du narrateur. Même sur la nouvelle "Nuit de garde", où l'on sent bien que c'est une histoire personnelle, vécue, l'auteur ne nous émeut pas. Quand on vient de lire "Récits d'un jeune médecin", de Boulgakov, c'est encore plus flagrant. Il lui manque la sensibilité, l'expression de son humanité.