29 juillet 2012

16/40: Le soldat et le gramophone

++++
376 pages


Premières phrases:
OÙ L’ON VOIT UN CŒUR FAIRE LA COURSE AVEC LE CHAMPION DU MONDE DU CENT MÈTRES, QUE PÈSE UNE VIE D’ARAIGNÉE, POURQUOI CELUI QUI N’ÉTAIT QUE TRISTESSE ÉCRIT AU FLEUVE CRUEL, LES COMPÉTENCES DU CAMARADE SUPRÊME DE L’INACHEVÉ EN MATIÈRE DE MAGIE

Grand-père Slavko a pris mon tour de tête avec la corde à linge de grand-mère, il m’a donné un chapeau de magicien, un chapeau pointu en papier en me disant : En fait, je n’ai pas encore l’âge de ce genre d’âneries, et toi, tu ne l’as déjà plus.
Il m’a donné un chapeau de magicien décoré d’étoiles jaunes et bleues avec des traînes jaunes ou bleues, j’ai ajouté un petit croissant de lune et deux fusées triangulaires découpées dans du papier, l’une pilotée par Gagarine, l’autre par grand-père Slavko.
Grand-père, personne ne me verra avec ce chapeau-là !
J’espère bien !

L'histoire:
Aleksandar vit à Višegrad, en Yougoslavie, une enfance heureuse avec une famille modeste et fantasque. Jusqu’au jour où la guerre fait irruption dans sa vie et pousse sa famille à choisir l’exil et la séparation.
Ça ressemble à un film d’Emir Kusturica, même folie, mêmes excès chez les personnages, on est toujours entre humour et émotion. La narration n’est pas vraiment chronologique et procède par souvenirs heureux, l’inauguration des WC, ou dramatiques, le match de foot. C’est par l’écriture, originale, que le narrateur retrouve cette enfance trop vite passée et abandonnée par la force des événements.

 
L'auteur:

Sasa Stanisic

Né en 1978, de mère bosniaque et de père serbe, Saša Stanišic a quatorze ans quand il doit fuir la ville de Višegrad, alors que la guerre embrase la Yougoslavie en 1991. Il se réfugie avec ses parents en Allemagne, où il choisira de rester après leur départ vers les Etats-Unis, alors qu’il a tout juste dix-sept ans. La beauté des images et la force de l’écriture de ce premier roman, Le soldat et le gramophone, démontrent que la langue et la littérature peuvent devenir la terre promise d’un apatride.