10 mars 2018

12/ L'étoile jaune de l'inspecteur Sadorski

L'inspecteur Sadorski, surnommé Sado, n'est pas un héros classique. Il n'a rien pour plaire: antisémite, anticommuniste, pétainiste, libidineux il louche sur sa jeune voisine juive de 15 ans.
Mais tout n'est pas aussi simple, parce qu'il est capable de sauver deux femmes, juives, prêtes à être déportées. Et au moment où on le considère de manière plus positive parce que malgré tout il se révèle très humain, alors il se comporte de manière ignoble, profitant de sa position d'inspecteur, abusant de son pouvoir.
Ce roman très noir, qui se déroule sur quelques mois de 1942, pendant la période française la plus noire de son histoire: l'Occupation, s'appuie sur les archives de la police et décrit parfaitement la société française de l'époque et l'ambiance qui devait régner à Paris.  
Grand roman!

"Je rappelle que ces consignes sont pour les commissaires. C'est sous les ordres de ceux-ci que vous maintiendrez les arrestations ou que vous relaxerez les Juifs interpellés. Donc, messieurs, pas d'initiative, ni dans le sens de la clémence ni dans celui de la sévérité. Vous m'avez entendu, Magne? Nous sommes des fonctionnaires français, pas des SS. Il suffira d'obéir à la consigne de notre hiérarchie. C'est la mission de la police. La loi et l'ordre doivent être appliqués, nous en sommes les fidèles garants. La population de Paris a besoin que nous la protégions des indésirables, lesquels forment ce milieu corrupteur où prospère le terrorisme rouge..." (p.374)

"Il s'amuse à filocher les petits jeunes. Sans décider encore s'il tapera aux fafs, embarquera cette fille. Le Vél' d'Hiv' doit se remplir sérieusement à l'heure actuelle. Déambulant derrière eux, il jouit de son pouvoir. Léon Sadorski est leur destin. Celui de la youpine, en tout cas. Selon ce qu'il décidera, au gré du moment, de l'inspiration, il représente sa mort (peut-être) ou sa vie. Elle n'est pas attirante mais plutôt vulgaire, avec son allure quelconque, son sac en tricot multicolore, sa jupe bariolée, ses socquettes blanches. Ses souliers bon marché à "semelles flex" en lamelles de bois qui cliquettent. Une très jeune employée - du genre de celles qu'il a embarquées sur la plate-forme de l'autobus tout à l'heure devant leur atelier - probablement dans la confection, la fourrure. Une adolescente mal dégrossie. Qui a eu le culot pourtant de se séparer de son étoile!" (p.432)

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