06 mai 2018

19/ La Daronne


Quel plaisir de rencontrer Patience Portefeux, loin du politiquement correcte! Quinqua fatiguée par son quotidien, elle va soudain prendre sa vie en main et là, ça devient un pur bonheur:

" Je me suis déshabillée et me suis plantée devant le miroir de la salle de bains pour retirer mes lentilles de contact mais, en me regardant, j'ai eu un choc en voyant le visage fermé qui me fixait (…). Qu'est-ce que j'allais devenir, moi qui n'avais ni retraite ni sécu. Je n'avais rien à part mes forces déclinantes. Pas le moindre sou de côté, mes maigres économies s'étant volatilisées dans l'agonie de ma mère aux Eoliades. Lorsque je n'aurais plus la force de travailler, je me voyais pourrir sans soin dans mon immeuble peuplé de Chinois qui m'empêcheraient de dormir avec leurs criailleries insupportables."
 Sa famille? veuve, un père pied noir et trafiquant, deux filles adultes, une mère juive placée en EHPAD.
Son travail?  elle traduit de l'arabe les écoutes téléphoniques de dealers pour le Ministère de la Justice. 

"J'avais, je l'avoue, pris tous ces jeunes en sympathie car ils n'avaient pas du tout le  profil habituel de la petite racaille immature et sociopathe à laquelle je m'étais habituée."
Il y a la ligne "biz", comme "bizness", pour parler affaires avec les grossistes et la ligne "hallal", pour parler à la famille.

"Une chanson juive, confinant au ridicule tellement elle est juive, illustre très bien l'état d'esprit dans lequel je me trouvais:
Pleure pas, garde tes larmes, n'épuise pas tes réserves
la vie est une telle galère que tu risques d'en manquer
pour ce qui te reste à subir..." 

Et à propos du terrorisme:
"- Mais quand est-ce que tout ça va s'arrêter?
- Mais de quoi tu parles? il y a des choses bien plus préoccupantes dans le monde qu'une poignée de losers au cerveau infecté qui cherchent à avoir leur quart d'heure de gloire, tu ne crois pas? T'as qu'à te dire qu'ils ont juste inventé une nouvelle façon de mourir aussi aléatoire que le cancer ou les accidents de la route.
Les conversations avec moi deviennent très vite décourageantes.
"

 
 Je découvre Hannelore Cayre, avocat pénaliste, et sa plume efficace comme un coup de poing, son regard incisif sur quelques "dysfonctionnements" de notre belle société sans en faire des caisses et c'est très drôle, enfin, très caustique. Encore une auteure que j'ai envie de retrouver!

autres livres:



  • Commis d'office, 2004, prix Polar derrière les murs 2005
  • Toiles de maître, 2005
  • Ground XO, 2007
  • Comme au cinéma - Petite fable judiciaire, 2012

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