20 décembre 2010

32/40: L'isolé soleil

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De l'époque coloniale et esclavagiste au monde contemporain, Daniel Maximin brosse l'histoire des Antilles que moi, Française blanche de France, j'avoue ignorer dans les grandes largeurs! L'histoire enseignée à l'école est à ce sujet largement insuffisante voire inexistante. Un tel degré d'ignorance (volontaire?) est une honte. Pas assez nombreux?, si loin?, au point qu'on ne leur accorde pas d'importance?
Je n'ai pas réussi à aller jusqu'au bout du livre, du moins pas encore, malgré l'intérêt que j'y porte (166p. sur 284...) mais j'ai bien l'intention de le reprendre. L'écriture riche, poétique et parfois abstraite demandait des efforts qu'après la journée de travail je n'arrivais pas à fournir, j'avais un peu de mal à me concentrer pour aborder ce "nouveau monde" et j'avais l'impression de passer à côté. Je le reprendrai et le finirai à tête reposée!

1er paragraphe:
"Un vol de colibris s'est posé en pleine mer pour soigner ses ailes brisées au rythme du tambour-Ka: Marie-Galante et Désirade, Karukéra, Madinina... îles de liberté brisées à double tour, la clé de l'une entre les mains de l'autre.Antilles de soleil brisées, d'eaux soufrées, de flamboyants saignées, mais sans une seule page blanche dans le feuilleton des arbres."
p. 99, extrait:
"Je ne pourrai aimer que quand j'aurai aussi décolonisé mon corps.
Je,
tu,
île,
aile,
Il faut faire avec ce que l'on EST.

8. Immigrés de première classe

Ce jour-là, Antoine et moi dégustions un sorbet-poire que nous avions fait arroser d'alcool du même fruit, sous le regard attentif et discrètement étonné de vieux couples vieille France, pareil à celui que l'on porte lorsque paraît l'animal apprivoisé, qui a appris à sourire, à se tenir sage et poli hors de sa cage. Leurs sourires esquissaient un appel de reconnaissance complice. Mais je sentais entre eux et nous une distance, large, comme un siècle, inutile à remonter pour moi qui étais à l'avant. Ils étaient prêts à nous admettre pour notre innocence, alors que nous étions si loin de leur naïveté.
Une heure plus tard, chez un disquaire, je dénichai quelques occasions rares dans le nouveau rayon antillais, en particulier un enregistrement public de Steel Band de Trinidad, dont la pochette contenait un texte de présentation en trois langues destiné aux curieus européens:
"Le calypso est la musique originale propre aux Antilles. Elle a su capté tout le côté magique et féerique de ces îles, et elle reflète admirablement le tempérament heureux et insouciant des insulaires de la mer Caraïbe. Il est réconfortant de penser que les Antillais en Europe demeurent fidèles à la musique de leur pays d'origine. Les harmonies remarquablement gaies d'un calypso reflètent le caractère même de l'Antillais: heureux, insouciant, mais aussi très sensible. Malgré les nombreux et constants obstacles qu'il rencontre, l'Antillais ne se décourage pas: il n'en demeure pas moins courtois."
En payant, je rendis son sourire à la jeune caissière courtoise [...]"

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