02 février 2020

Point lecture de JANVIER

Voici mes lectures dans l'ordre chronologique:

♥♥♥♥
CHALLENGE          Non-fiction : lire un essai, une biographie, un livre d’art, d’histoire…

Très beau récit de la vie de bohème dans le New York des années 60, rencontre de deux jeunes artistes en devenir: Patti Smith et Robert Mapplethorpe, qui veillent l'un sur l'autre, s'encouragent, osent. 
J'ai trouvé ce livre lumineux, touchant, inspiré. Je ne connaissais pas vraiment Patti Smith, c'est donc pour moi une double découverte: l'autrice et la chanteuse rock, il n'est jamais trop tard!

 "Ensemble, nous riions des enfants que nous avions été ; nous jugions que j'avais été une méchante fille qui s'efforçait d'être gentille, et lui un gentil garçon qui s'efforçait d'être méchant. Au fil des années, ces rôles allaient s'inverser, puis s'inverser de nouveau, jusqu'à ce que nous arrivions à accepter notre nature double et à nous mettre en paix avec l'idée que nous renfermions des principes opposés, la lumière et l'obscurité."





J'étais bien décidée pourtant mais ce livre m'est "tombé des yeux": style trop ampoulé, trop lyrique... après quelques poèmes, je l'ai vite abandonné, déçue. Pourtant en faisant quelques recherches sur le net, j'ai pu lire des poèmes plus abordables. Ce n'était pas le bon moment... Je retenterai!




Moïse

1ère strophe
Le soleil prolongeait sur la cime des tentes
Ces obliques rayons, ces flammes éclatantes,
Ces larges traces d’or qu’il laisse dans les airs,
Lorsqu’en un lit de sable il se couche aux déserts.
La pourpre et l’or semblaient revêtir la campagne.
Du stérile Nébo gravissant la montagne,
Moïse, homme de Dieu, s’arrête, et, sans orgueil,
Sur le vaste horizon promène un long coup d’œil.
Il voit d’abord Phasga, que des figuiers entourent,
Puis, au-delà des monts que ses regards parcourent,
S’étend tout Galaad, Éphraïm, Manassé,
Dont le pays fertile à sa droite est placé ;
Vers le Midi, Juda, grand et stérile, étale
Ses sables où s’endort la mer occidentale ;
Plus loin, dans un vallon que le soir a pâli,
Couronné d’oliviers, se montre Nephtali ;
Dans des plaines de fleurs magnifiques et calmes,
Jéricho s’aperçoit, c’est la ville des palmes ;
Et, prolongeant ses bois, des plaines de Phogor
Le lentisque touffu s’étend jusqu’à Ségor.
Il voit tout Chanaan, et la terre promise,
Où sa tombe, il le sait, ne sera point admise.
Il voit ; sur les Hébreux étend sa grande main,
Puis vers le haut du mont il reprend son chemin.


 
 ♥♥♥
Beau petit livre grâce aux estampes d'Hokusai mais côté poésie, il ne faut surtout pas faire comme j'ai fait, c'est à dire lire la totalité des haïkus en deux fois seulement. Il faut en lire un et comme un bon thé vert, le laisser infuser...Parmi les 64 haïkus sélectionnés peu m'ont touchée...


S'il dit s'ennuyer en élevant ses enfants
il ne peut comprendre
l'élégance des fleurs




♥♥♥♥♥

CHALLENGE         Langue vivante : lire un livre dans sa langue d’origine

Humour, fantaisie et en VO, s'il vous plait! J'avais vraiment envie de m'y mettre et je pense qu'un roman jeunesse est un bon début!
Je me suis bien sûr aidée d'un site de traduction en ligne (https://www.linguee.com), surtout quand il me manquait des mots pour comprendre le sens général, sinon ça deviendrait vite fastidieux. Le plus drôle, c'est que ce fameux Bon Gros Géant invente des mots en mixant des mots existants ou en prononçant mal d'autres!

extrait:
"The moonbeam was brighter than ever on Sophie's pillow. She decided to get out of bed and close the gap in the curtains.
  You got punished if you were caught out of bed after lights-out. Even if you said you had to go to the lavatory, that was not accepted as an excuse and they punished you just the same. But there was no one about now, Sophie was sure of that.
  She reached out for her glasses that lay on the chair beside her bed. They had steel rims and very thick lenses, and she could hardly see a thing without them. She put them on, then she slipped out of bed and tiptoed over to the window.
  When she reached the curtains, Sophie hesitated. She longed to duck underneath them and lean out of the window to see what the world looked like now that the witching hour was at hand.
  She listened again. Everywhere it was deathly still.
  The longing to look out became so strong she couldn't resist it. Quickly, she ducked under the curtains and leaned out of the window.
  In the silvery moonlight, the village street she knew so well seemed completely different. The houses looked bent and crooked, like houses in a fairy tale. Everything was pale and ghostly and milky-white.
  Across the road, she could see Mrs Rance's shop, where you bought buttons and wool and bits of elastic. It didn't look real. There was something dim and misty about that too.
  Sophie allowed her eye to travel further and further down the street.
  Suddenly she froze. There was something coming up the street on the opposite side.
  It was something black . . .
  Something tall and black . . .
  Something very tall and very black and very thin."

 
Grand plaisir d'aller au bout que j'ai prolongé en visionnant le film, signé Steven Spielberg.







♥♥♥

CHALLENGE          SF-F-F : lire un livre de Science Fiction, Fantastique, Fantaisie, autrement dit toute fiction de l’imaginaire.

Mon avis est très mitigé sur ce roman. 
Dans une France futuriste, mais pas tant que ça, il est difficile de ne pas laisser de traces. La bague au doigt chaque humain est reliée à son IA, "Intelligence Amie": pour la publicité personnalisée, la sécurité... Des groupuscules s'organisent, résistent à cette technologie envahissante, créent des ZAG (Zones Auto Gouvernées), etc. 
 Seuls les "furtifs" y parviennent et pour cela ils sont traqués, étudiés, tués. Ce sont des êtres vivants qui n'appartiennent pas au genre humain, ni animal, ni végétal. C'est plutôt un mélange des trois, des êtres vibrants, "des êtres de chair et de sons"
 Le Récif est une unité de chasseurs de furtifs, créée au sein de l'armée. Lorca y entre essentiellement pour une raison: sa fille de 4 ans a disparu et a sans doute rejointe ce monde des furtifs.

Les plus:
J'ai adoré la première partie du roman.
Le monde décrit existe presque, Alain Damasio a juste poussé les curseurs. C'est un futur très proche, donc très réaliste. 
Les thèmes: la parentalité, les travers de nos sociétés, l'aliénation volontaire, notre lien au monde et aux autres.
Ça déborde d'énergie, de sensibilité, d'inventivité.
Ses jeux sur la langue: ses sonorités, les néologismes.
Les descriptions de sons sont extraordinaires.
La narration: j'aime beaucoup passer d'un personnage à l'autre sans jamais se perdre grâce à la mise en place de caractères graphiques qui leur sont propres et grâce à leur façon de s'exprimer.
L'album: téléchargeable gratuitement, "Entrer dans la couleur" présente huit titres "pour en faire vibrer toute l'intensité poétique".




Les moins:
trop de répétitions, des longueurs, des envolées complexes ou redondantes.
J'avais hâte d'arriver au bout, pas parce que j'étais captivée mais parce que j'en avais marre et il fait presque 700 pages.


Donc en résumé, beaucoup de points positifs mais gâchés.
Extraits:

"Les enfants ne marchent pas, jamais : ils courent." Et si vous les regardez vraiment, ils ont tellement de sève ascendante en eux, ils sont tellement et animaux et buissons à la fois, et pierre en éruption qu'ils ne courent pas sans bondir en même temps, comme si leur propre pied était trop impétueux pour ne pas les enlever du sol. Si la gravité n'existait pas, en tous les sens du terme, on attacherait nos gosses avec des ficelles pour ne pas aller les chercher chaque soir dans le ciel."
"La vie, les ģars \ vous les draģons bouģons du doģme / les camarades ģris-sur-ģris, vous les biģleux du ģoulaģ 2042, les kibboutzniks du jamais-je-nique \ la vie, bouģre de pisse-froid rabouģris, c'est ça aussi! Faire ģouzi-ģouzi à l'amour quand il te sourit."
" Au loin, le Mucem somnole sous une lueur ultramarine.
Une musulmane illumine l’esplanade de son voile déployé, oriflamme.
Un lamento philharmonique moissonne les dalles.
Mélusine sniffe de la mescaline.
Le soleil fuit.
Ici la lune."
♥♥♥♥
CHALLENGE           Poésie : lire un recueil de poésie

Poésie classique anglaise, j'ai beaucoup aimé les poèmes narratifs, comme par exemple "Isabella ou le pot de basilic", lorsque Keats reprend l'une des nouvelles du "Décameron" de Boccace (à lire absolument: 10 x 10 histoires toutes plus terribles les unes que les autres!).

Amour! tu me délivres de l’hiver glacial, 
Jeune fille! tu me mènes vers la chaleur de l’été,
Il me faut donc goûter la floraison qui s’épanouit, 
Dans la chaude maturité de ce gracieux matin
Il dit, et ses lèvres timides tout à l’heure, s’enhardirent,
Un baiser chanta poétiquement, humide de rosée : 
Une grande béatitude, une extase s’éleva en eux, 
Telle une fleur de volupté sous la caresse de Juin [...]
 
♥♥♥♥
CHALLENGE           Théâtre : lire une pièce de théâtre

Nora et Torvald Hesmer sont mariés depuis huit ans et ont trois enfants. Tout va pour le mieux, surtout qu'Helmer va bénéfier d'une grande promotion professionnelle. Heureusement parce que sa chère "petite alouette" dépense sans compter...


Critique cruelle des rôles traditionnels de la femme et de l'homme dans le couple, cette pièce avait créé le scandale à sa sortie, en particulier à cause de la fin.

"NORA : Je viens d'apprendre que les lois ne sont pas ce que je croyais. Mais je n'arrive pas à me persuader que ces lois-là puissent être justes. Un femme n'aurait donc pas le droit de ménager son vieux père mourant, ni de sauver la vie à son mari ! Je ne crois pas à ce genre de choses.
HELMER : Tu parles comme une enfant. Tu ne comprends pas la société dans laquelle tu vis.
NORA : Non, c'est bien vrai. Mais maintenant, je veux examiner tout cela. Il faut que je sache qui de nous deux a raison : la société ou moi."

"Deux sur la même épave, c'est tout de même mieux que chacun sur la sienne."



♥♥♥♥
CHALLENGE           « Jusqu’à la garde », de Xavier Legrand : lire un polar ou un thriller.

Jesse, 14 ans, vient de perdre son père, dans des circonstances douteuses. Il n'a pas confiance dans les adultes qui gravitent autour de lui. Il préfère s'isoler dans les bois qui couvrent le domaine  appartenant à sa famille depuis plusieurs générations. Il y rencontre un homme solitaire, qui se cache...

L'ambiance de ce roman m'a beaucoup fait pensé à celle du film "Mud, sur les rives du Mississipi", de Jeff Nichols. On y retrouve le lien père-fils, le respect de la nature, le rural noir mêlé au thriller, le passé qui rattrape les personnages.
Les personnages sont un brin caricaturaux et les thèmes plutôt classiques dans le genre, mais le livre se dévore avec plaisir parce que l'histoire est belle.


"Tu sais ce qui m'énerve ? dit-il. L'idée selon laquelle les missions à rallonge et le stress post-traumatique nous ont tous transformés en tueurs en série et en maris violents. Les vétérans sont des cinglés. Des bombes à retardement. C'est ça le discours ambiant."

"Mon papa disait toujours qu'on pouvait pas faire revenir une balle en arrière . Quand on appuie sur la détente, on a intérêt à savoir ce qu'on fait. Ce que je veux dire... c'est que vous pouvez pas changer ce qui a été fait, mais il est peut-être encore temps de faire une bonne action."

BILAN: il faut vraiment que j'écrive mes posts au fur et à mesure, sinon c'est bien trop long à écrire et sûrement à lire!!!


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