28 avril 2018
16/ Envoyée spéciale
Cela commence comme "Le Bureau des Légendes" mais très vite on comprend qu'on en a là une version burlesque!
"Je veux une femme, a proféré le général. C'est une femme qu'il me faut, n'est-ce pas.
Vous n'êtes pas le seul dans ce cas, lui a souri Paul Objat. Epargnez-moi ces réflexions, Objat, s'est raidi le général, je ne plaisante pas là-dessus. Un peu de tenue, bon Dieu, Le sourire d'Objat s'est dissous: Je vous prie de m'excuser, mon général. N'en parlons plus, a dit le gradé, réfléchissons."
C'est Constance qui sera choisie pour cette mission, mais avant cela il faudra la rééduquer, donc la kidnapper! On en profitera pour demander une rançon à son riche mari, qui a connu la gloire grâce à un tube international. Et autour d'eux gravitent toute une tripotée de personnages qui, on va le découvrir peu à peu, sont tous reliés les uns aux autres, plus ou moins directement.
L'auteur tisse son intrigue et l'écriture est jubilatoire! Parodie de roman d'espionnage et d'aventures, avec des rebondissements, des meurtres, avec des gros bras... mais ces personnages rendus absurdes, voire benêts, Echenoz sait nous les rendre attachants... De temps en temps il s'adresse à nous:
"Nous ne prendrons pas la peine de décrire Pak Dong-bok: il ne va jouer qu'un rôle mineur et nous n'avons pas que ça à faire."
En plus, ce roman est instructif:
On y apprend que le syndrome de la Creuse serait la fusion entre le syndrome de Stockholm (quand les captifs sympathisent avec leurs ravisseurs) et le syndrome de Lima (quand les ravisseurs s'attachent aux séquestrés).
On y apprend également qu'une phéromone, qui "permet aux éléphantes de faire savoir aux éléphants qu'elles sont sexuellement en pleine forme, folles d'amour, vibrantes de désir et prêtes à s'accoupler quand on veut" "se trouve être exactement [la] même chez l'éléphant que chez plus d'une centaine d'espèces de papillons."
C'est le troisième roman de Jean Echenoz que je lis et je n'avais jamais perçu cette veine comique. J'ai adoré!
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