16 décembre 2011

28/40: Une canne à pêche pour mon grand-père


++++

Recueil de six nouvelles. Souvenirs, bonheurs simples.
J'ai beaucoup aimé la dernière nouvelle, intitulée "Instantanés" qui procède comme un appareil photo visant une partie du paysage ou au hasard une personne ou une autre, revenant vers certaines, les surprenant dans leur quotidien, dans leur simplicité.

p. 99

"encore quelques pommes rouges qui n'ont pas été cueillies. Non loin, le gazouillis d'un ruisseau.

Une fillette aux pieds nus, un seau à la main, apparaît sous la première rangée de pommiers; elle a l'air affairée. Elle est vêtue d'une petite veste croisée grenat et d'un pantalon de toile fleurie, roulé sous les genoux. Elle porte deux longues tresses. Ses yeux noirs brillants semblent disproportionnés par rapport à son petit visage. Elle reste interdite, comme si elle hésitait à avancer davantage. A ce moment-là, les alentours sont déserts.

Un petit arbre se balance dans le vent, des mottes de terre jaillissent, une fumée noire et de la poussière s'élèvent dans le ciel qui s'assombrit aussitôt. Un avion passe. Tirs de mitrailleuses et explosion de bombes suivis des pleurs des bébés et des plaintes des femmes.

Plusieurs petits garçons font cercle, accroupis sur le sol, autour d'une pelle en fer. Ils observent cette pelle qu'un pied enfonce dans la terre. Une pelletée de terre est retirée, puis elle est brisée avec le tranchant. L'opération est renouvelée plusieurs fois. Un grand garçon se penche et ramasse dans la terre éparpillée une douille de cartouche de mitrailleuse qu'il essuie sur ses vêtements avant de la fourrer dans sa poche. Il reprend la pelle et va creuser un peu plus loin. Parmi les petits garçons qui l'entourent, l'un d'eux tourne la tête. Le sol est perforé d'une série de trous.

Le bruit continu de l'eau qui coule, l'eau noire de la mer qui glisse irrésistiblement sur les marches d'escalier.
"

Aucun commentaire: