Jacques Chessex est mort récemment, le 9 octobre 2009. Il avait reçu le prix Goncourt, pour ce roman, en 1973.
"C'est le soir que commença son tourment.Tout d'abord, il se découvrit étrangement seul quand il fut installé devant le menu qu'il venait de commander au bar de l'hôtel d'Angleterre. Aux autres tables on riait, des femmes épanouies et brunies répondaient à des hommes beaux. Des jeunes gens se tenaient les mains. Jean Calmet, crispé, morose, déplaçait minutieusement trois filets de perches dans son assiette, encore une fois il les aspergeait de citron, puis sa fourchette poussait un petit poisson pour l'aligner ironiquement contre les deux autres sans qu'il se décidât à le porter à sa bouche. Le vin tiédissait dans son verre. Depuis une heure une image le persécutait."
Tout est dit dans ce début: la solitude du personnage, sa lutte contre des démons intérieurs, la vie, la jeunesse autour de lui.
A la mort de son père médecin, tyrannique avec sa famille mais admiré, Jean Calmet n'est pas libéré comme il aurait pu le croire. Au contraire, quoi qu'il fasse, il sent la présence fantôme de son père le juger et l'humilier.
Il est pourtant un professeur respecté, noue des liens avec ses étudiants. Depuis peu, il aime et est aimé. Mais la mort rôde, des crises d'angoisse le rongent. Il sombre inéluctablement...
J'avais emporté ce livre en Ethiopie, ERREUR! L'écriture demande une concentration que j'ai eu du mal à mobiliser. Trois pages consacrées au choix du rasoir, c'était trop me demander! ( p. 73 à 75: "Chaque matin Jean Calmet hésitait entre ses deux rasoirs: le Gillette et le rasoir électrique. [...]" En 2 semaines je n'ai réussi à lire qu'un tiers du roman... ce qui m'a permis de mieux apprécier la fin en rentrant. "L'Ogre" mérite mieux!
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