19 mars 2010

10/40: Le rapport de Brodeck

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"Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien.
Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache.
Moi je n'ai rien fait, et lorsque j'ai su ce qui venait de se passer, j'aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu'elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer.
Mais les autres m'ont forcé: "Toi, tu sais écrire, m'ont-ils dit, tu as fait des études."

Ça commence bien mal! "Cest pas moi, c'est les autres!"

Le narrateur, Brodeck, est chargé de raconter comment un homme venu d'ailleurs, désigné par l'expression "l'Anderer", va se faire détester au point que le village vient de le massacrer.
"Habillé comme pour prendre place dans une vieille fable pleine de poussière et de mots perdus, il marchait les pieds un peu en dehors, la main gauche posée sur une belle canne au pommeau d'ivoire, et la main droite occupée à tenir bien serré le petit carnet noir qui allait et venait sous ses doigts, comme un drôle d'animal apprivoisé." (p. 195)

Je n'ai pas accroché à ce livre et j'en suis désolée .
-Je n'ai pas supporté le procédé : l'auteur commence un chapitre puis fait systématiquement un retour en arrière d'une heure, deux jours, ou autre. Ça va bien une ou deux fois!
-De sa belle écriture, ça, au moins, c'est positif!, il enchaîne les "portraits" (que je trouve très caricaturaux) de nombreux personnages: les habitants du village, ses compagnons d'étude, de camp de concentration... Les "gentils" et les innocents meurent pratiquement tous ou sont bien traumatisés...
-Evocation des horreurs , tortures et cruautés en temps de guerre mais également sur le pas de sa porte dans cette période d'après-guerre où les blessures sont encore vives. Rien ne nous est épargné, mais pour quoi faire????
Je me suis demandé tout en lisant si cet Anderer n'était pas une sorte de Jésus Christ et alors ce livre illustrerait la réponse à cette question: Que ferions-nous de Jésus Christ s'il venait parmi nous aujourd'hui? Bof, pas sûre...

Non, décidément, bien que j'aime les phrases de Claudel, je ne suis pas rentrée dans ce livre! En plus, il a fait un tabac et il a reçu le Goncourt des Lycéens...
A vous de voir...

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