"C'est pas Mademoiselle, c'est Madame" : un livre qui traite de la condition féminine
Virginie Despentes s'inspire de sa propre vie et de ses expériences dans cet essai féministe qui frappe fort non seulement par sa vision des choses dans les différents thèmes (viol, prostitution, pornographie, féminité, maternité) mais aussi par le style trash, cru, punk.
Elle analyse et dénonce les rouages d'une société patriarcale, faite par les hommes pour les hommes. Elle y va fort, nous bouscule et pousse à la réflexion.
Écrit en 2006, il reste d'actualité...
A lire absolument!
« J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf. Et je commence par là pour que les choses soient claires : je ne m’excuse de rien, je ne viens pas me plaindre. Je n’échangerais ma place contre aucune autre, parce qu’être Virginie Despentes me semble être une affaire plus intéressante à mener que n’importe quelle autre affaire.
(…)
Parce que l’idéal de la femme blanche, séduisante mais pas pute, bien mariée, mais pas effacée, travaillant mais sans trop réussir, pour ne pas écraser son homme, mince mais pas névrosée par la nourriture, restant indéfiniment jeune sans se faire défigurer par les chirurgiens de l’esthétique, maman épanouie mais pas accaparée par les couches et les devoirs d’école, bonne maîtresse de maison mais pas bonniche traditionnelle, cultivée mais moins qu’un homme, cette femme blanche heureuse qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, celle à laquelle on devrait faire l’effort de ressembler, à part qu’elle a l’air de beaucoup s’emmerder pour pas grand-chose, de toutes façons je ne l’ai jamais croisée nulle part. Je crois bien qu’elle n’existe pas. »
CONFLITS "Mes chers compatriotes" : un livre où la place de la politique est importante.
Eric Yung a été flic dans une autre vie. Ce livre, récit romancé, fait le portrait d'un jeune homme qui entre dans la police, et entre rapidement au mythique 36 quai des Orfèvres. Il côtoie le milieu du grand banditisme avec ses indics, des stars du show biz dont le célèbre Yves Mourousi, avec qui il noue des liens d'amitié, ici prénommé Eric. Le milieu de la nuit, des drogues, des magouilles et des affaires. Il en raconte quelques unes mais il dénonce surtout le scandale ignoble de l'assassinat de De Broglie, affaire politico-judiciaire, avec la complicité de la police même.
De très beaux passages, l'auteur sait raconter, mais il fait quelque chose que je déteste, l'amorce de ce qui va se passer ensuite. Le livre est intéressant.
« Depuis
quelque temps, les Parisiens avaient le sentiment de vivre dans
l'insécurité. Il est vrai que le paysage urbain avait été bouleversé. La
ville n'était plus tranquille. Des quartiers entiers disparaissaient.
Les maisons de Paris, ces bâtisses aux toits de zinc qui, autrefois,
faisaient les délices des peintres et des photographes, étaient dévorées
les unes après les autres par de grosses machines aux bouches
mécaniques. Les habitants fuyaient loin pour se regrouper dans les tours
des banlieues tandis que s'élevaient, là où ils avaient été enfants,
des hauts murs de béton recouverts de verre ou de fausses pierres de
taille ou de marbre. »
A DAY AT THE ABBEY"Lady Mary" : relecture d'un favori
C'est exceptionnel que je relise un livre, il y en a tellement d'autres à découvrir! Mais c'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé cette BD-carnet de voyage dans laquelle Florent Chavouet raconte son séjour sur l'île de Manabé et ses rencontres avec toute une galerie de personnages (humains et animaux) qu'il croque avec tendresse.
http://lavieestbelleetcesttantmieux.blogspot.com/2014/08/2740-manabe-shima.html
NOUVEAU MONDE"Elémentaire, mon cher Watson" : un livre avec un mystère
Mario est un enfant de 10 ans et il épie son voisin à partir de la terrasse où il va s'amuser. Il le surprend dans sa salle de bain avec une femme alors que cet homme est célibataire. Il embarque son meilleur ami Riccardo au secours de la, peut-être, prisonnière.
Un thriller qu'on a du mal à lâcher, il a reçu le Prix des lecteurs Quai du polar, entre autre, et je suis bien d'accord!
Une autrice à retrouver plus tard...
"Les enfants se sentent coupables de tout, ils assument leurs fautes beaucoup plus facilement que les adultes. Les enfants, ça souffre en silence et ça s'imagine des revanches fictives."
ENGAGEMENT"I had a dream" : un livre qui traite de racisme
L'ouverture de ce très court roman (75 pages!) est très forte: une femme blanche en compagnie d'un homme noir naviguent sur la rivière Chautauqua et la barque est emportée par les rapides vers les chutes de Tintern. Nous sommes en 1912, au nord de l’État de New York.
C'est la petite-fille de cette femme qui retrace la vie de son aïeule, femme hors norme, forte et décidée.
J'ai beaucoup aimé l'histoire, le style. L'autrice aborde de nombreux thèmes que l'on retrouve souvent dans ses oeuvres: amour interdit, ségrégation, les Etats-Unis, la condition de la femme...
Il traite bien sûr du racisme, bien que ce ne soit pas le thème principal, et j'ai vraiment apprécié sa façon de le traiter. De façon indirecte, en parlant d'une rougeur dans le cou, de cicatrices dans le dos... L’œil discret mais compréhensif; ou en rapportant des qu'en dira-t-on, paroles lointaines, de personnages non identifiés:
"Parce que c'est sale et contre nature, ce mélange des races, rien qu'à le voir ça vous rend malade."
Cela me conforte dans l'idée de lire plus de romans écrit par JCO, son oeuvre étant colossale, je vais essayer d'en lire quelques uns dans les semaines qui viennent, bien qu'il y ait des pavés, il existe aussi de nombreux recueils de nouvelles!
Voilà, j'ai validé toutes les catégories de ce beau challenge!
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