15 septembre 2012

21/40: Sukkwan Island

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200 pages



Premières phrases:
Première partie

On avait une Morris Mini, avec ta maman. C'était une voiture minuscule comme un wagonnet de montagnes russes et un des essuie-glaces était bousillé, alors je passais tout le temps mon bras par la fenêtre pour l'actionner. Ta maman était folle des champs de moutarde à l'époque, elle voulait toujours qu'on y passe quand il faisait beau, autour de Davis. Il y avait plus de champs alors, moins de gens. C'était le cas partout dans le monde. Ainsi commence ton éducation à domicile. Le monde était à l'origine un vaste champ et la Terre était plate. Les animaux de toutes espèces arpentaient cette prairie et n'avaient pas de noms, les grandes créatures mangeaient les petites et personne n'y trouvait rien à redire. Puis l'homme est arrivé, il avançait courbé aux confins du monde, poilu, imbécile et faible, et il s'est multiplié, il est devenu si envahissant, si tordu et meurtrier à force d'attendre que la Terre s'est mise à se déformer. Ses extrémités se sont recourbées lentement, hommes, femmes et enfants luttaient pour rester sur la planète, s'agrippant à la fourrure du voisin et escaladant le dos des autres jusqu'à ce que l'humain se retrouve nu, frigorifié et assassin, suspendu aux limites du monde.

L'histoire:
Une île sauvage du sud de l'Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion. C'est là que Jim décide d'emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une série d'échecs personnels, il voit là l'occasion de prendre un nouveau départ et renouer avec ce fils qu'il connait si mal.
Histoire terrible: chaque phrase annonce le drame. Attendez-vous au pire, ce sera pire!
  L'auteur:


 
DAVID VANN est né sur l'île Adak, en Alaska.
Après avoir parcouru plus de 40 000 milles sur les océans, il travaille actuellement à la construction d’un catamaran avec lequel il s'apprête à effectuer un tour du monde à la voile en solitaire.
Il vit en Californie où il enseigne également à l'Université de San Francisco.


Bibliographie:
- A Mile Down: The True Story of a Disastrous Career at Sea (basé sur l'histoire du naufrage d'un bâteau construit par l'auteur)
- Legend of a Suicide, recueil de nouvelles, (inspiré par le suicide de son père à l'âge de 40 ans).
- Sukkwan Island est son premier roman traduit en français, pour lequel il reçoit le prix Médicis étranger en novembre 2010, prix des lecteurs de L'Express 2010, entre autres prix.
- Désolation (Caribou Island), 2011.

Il publie également dans les magazines suivants: The Atlantic Monthly, Esquire, Outside Magazine, Men's Journal et Writer's Digest. Ses textes sont notamment appréciés pour leur approche nouvelle de la masculinité.



Extrait d'un article du journal Le Monde: 

 Dans le roman, le fils s'appelle Roy et le père Jim, diminutif de James. Comme dans la dédicace : "A mon père, James Edwin Vann, 1940-1980". James Vann, père de David donc, aimait les femmes, la pêche et la chasse. Quand son fils est né, il était dentiste sur une base américaine au milieu de nulle part, une île du nom d'Adak à l'extrême ouest de l'Alaska. La famille s'installe ensuite à Ketchikan, une petite ville de l'autre côté de l'Etat américain, près de la frontière canadienne. Mais James Vann est un homme infidèle. Les parents se séparent, le père reste dans ces froides contrées tandis que la mère, David et sa soeur s'installent en Californie.

L'enfant aussi aime la pêche et la chasse. Il rejoint son père tous les étés, attrape des saumons plus grands que lui. Un jour, alors qu'il a 13 ans, son père lui propose de venir passer une année en Alaska. Il refuse. Quinze jours plus tard, il est à la plage avec sa mère et sa soeur lorsque la famille reçoit un coup de fil : son père s'est tué d'une balle de pistolet.

Pendant quinze ans, David Vann sera insomniaque. La honte et la culpabilité le rongent. Son entourage ne lui est pas d'un grand secours psychologique : sa mère lui a offert les fusils de chasse de son père ! Il n'a pas vu la dépouille de son père, raconte autour de lui qu'il est décédé d'un cancer. "Je me sentais sale", dit-il avec le recul.


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