07 septembre 2011

18/40: Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

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Fait véridique: l'artiste Michel-Ange est invité par le sultan Bajazet à Istanbul pour proposer les plans d'un pont sur la Corne d'Or. Nous sommes en 1506, Michel-Ange a 31 ans, découvre la ville, se lie avec un grand poète ottoman, Mesihi et se met à l'oeuvre.
Comme l'artiste doit le faire, on s'imprègne de la ville et des rencontres, par petites touches, au travers de chapitres très courts.
p.99:

« Michel-Ange ne parlera pas de cette nuit dans le calme de la chambre au-delà des eaux douces de la Corne d’Or, ni à Mesihi, ni à Arslan, encore moins à ses frères ou, plus tard, aux quelques amours qu’on lui connaît ; il garde ce souvenir quelque part dans sa peinture et dans le secret de sa poésie : ses sonnets sont la seule trace incertaine de ce qui a disparu à jamais.

Mesihi, quant à lui, exprimera plus clairement sa douleur ; il composera deux ghazal sur la brûlure de la jalousie, douce brûlure, car elle fortifie l’amour en le consumant.

Il a passé la nuit à boire,seul lorsque leur hôte s'est retiré à son tour, vaincu par la fatigue; il a vu la beauté andalouse quitter discrètement la maison, à l'aube, enveloppée dans un long manteau; il a attendu patiemment Michel-Ange, qui a évité son regard; il a traîné le sculpteur épuisé jusqu'aux bains de vapeurs, a convaincu son âme déchirée de se remettre à ses mains; il l'a baigné, massé, frotté fraternellement; il l'a laissé s'assoupir sur un banc de marbre tiède, enveloppé dans un linge blanc, et l'a veillé comme un cadavre.

Lorsque Michelangelo quitte sa torpeur et s'ébroue, Mesihi est toujours auprès de lui.

Le sculpteur est empli d'une énergie éblouissante, malgré l'alcool ingéré la veille et le manque"

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