27 février 2011

6/40: Le chagrin

++++-

Le livre commence comme une biographie, celle d'une famille que fonde un couple: lui, Théophile Dunoyer de Pranassac, dit Toto, elle, Suzanne Verbois et leur onze enfants. C'est vite une autobiographie puisque le 4e enfant à naître est l'auteur lui-même qui raconte sans concession une enfance dont il garde les traces douloureuses encore aujourd'hui.
Ecrire ce livre ainsi qu'un livre précédent "Priez pour nous"était vital pour lui, même si cela aboutissait au sacrifice des relations avec ses frères et soeurs et surtout avec son père. Mais c'est peut-être grâce à ça qu'il a pu fonder sa propre famille?
p.99:
"- J'avoue qu'avec ce foulard sur la tête, Henri, tu as une sacrée gueule! renchérit papa.
- N'est-ce pas? sourit aimablement Nicky, pendant que le commandant rallume sa pipe.
C'est la première fois que nos parents m'apparaissent comme rapetissés par la présence d'un couple d'amis. Même maman, si sûre d'elle-même d'habitude, semble peiner à trouver le ton juste. Toto, lui, paraît nerveux comme un enfant qui n'aurait pas appris sa leçon. Peut-être est-ce lui qui met d'ailleurs Nicky sur la voie de l'école.
- Alors, dis-moi, en quelle classe es-tu cette année?
- Huitième.
- Et ça marche? Tu es content?
Elle m'a saisi les deux mains, je suis planté devant elle en pyjama. Plutôt que de répondre non, je hausse les épaules.
- Donne-moi des nouvelles de Bruno, nous interrompt alors maman. Te rends-tu comptes, Nicky, que la dernière fois que j'ai vu ce gosse il avait à peine six mois?
- Mais absolument, ma chérie, s'immisce Toto. C'était à Bizerte. Je m'en souviens parfaitement.
- Bruno est en septième, répond enfin Nicky qui, la bouche ouverte, avait paru retenir ses mots le temps que papa finisse sa phrase. Son père lui a expliqué que s'il voulait faire Navale, comme lui, il devait être en tête de sa classe.
- Choisis ton objectif, et donne-toi le moyen d'y parvenir, décline le commandant à l'appui de ce que vient de dire sa femme. C'est aussi simple que cela.
- Excellent! s'écrie Toto. Si tu veux mon avis, Henri, c'est exactement le genre de phrase qu'on devrait inscrire au fronton des écoles.
- Et toi alors? reprend Nicky, qui ne semble pas tellement intéressée par l'avis de papa, et qui ne m'a pas lâché les mains.
- Je trouve que la huitième est très difficile, dis-je.
- Et tu as du mal à suivre?
- En tout cas, ce n(est pas la faute de travailler! lance maman, de sa voix de tête. Il fait tout ce qu'il peut.
- Eh bien alors je suis certaine que tu vas y arriver,"

Aucun commentaire: