27 novembre 2009

29/40: Une femme à Berlin

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Indispensable

"Chronique commencée le jour où Berlin vit pour la première fois la guerre dans les yeux" par une "blondinette pâlotte, toujours vêtue d'un manteau d'hiver sauvé par hasard; employée dans une maison d'édition qui a fermé ses portes la semaine dernière et licencié l'employée "jusqu'à nouvel ordre"."
Dans la cave elle répond à une fille qui lui demande ce qu'elle écrit "C'est sans importance, des histoires que je gribouille comme ça, pour m'occuper".

Son univers: le bruit permanent des tirs d'artillerie, la vision des immeubles en ruine et des morts tombés en pleine rue, puis l'arrivée des Russes le plus souvent ivres et c'est constamment la recherche de nourriture et d'eau, indispensables à la survie mais toujours plus difficiles à trouver.
"Chaque jour nouveau qui nous trouve en vie est un jour de triomphe."

Elle raconte tout, sans tabou, dans une écriture superbe.

"Entre-temps, d'ailleurs, on a inventé une expression officielle pour désigner tout ce trafic de viols: "rapports forcés", disent maintenant les autorités. Un vocable qu'on pourrait peut-être prendre en considération dans la nouvelle édition des dictionnaires à l'usage des soldats."

"Aux yeux du monde, nous sommes les Trümmweiber, les filles des ruines, et de la crasse."
Ce témoignage avait été très mal reçu à sa première parution. Trop difficile à entendre, pas le bon moment: les viols, l'impuissance des hommes allemands, la Shoah...
L'auteure anonyme a refusé pendant 40 ans de le publier de son vivant. C'est donc à sa mort en 2001 que ce livre a pu paraître, en préservant l'anonymat.

A voir: un documentaire construit avec des images d'époque et les témoignages de trois femmes "Filles des ruines".

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