"Prologue
Urgent
A l'attention du
Consul Général des Etats-Unis d'Amérique
Clausewitzstrasse 3B
Berlin
Le 10 novembre 1938
Très cher Monsieur le Consul Général,
Depuis hier, ils brûlent nos synagogues. Les nazis ont détruit mon magasin, pillé mon bureau, chassé mes enfants de l'école, mis le feu à mon appartement, violé ma femme, écrasé mes testicules, saisi ma fortune et clôturé mon compte bancaire. Nous devons émigré. Il ne nous reste rien d'autre à faire. Les choses vont encore empirer. Le temps presse. Seriez-vous en mesure, très cher Monsieur le Consul Général, de me procurer sous trois jours des visas d'immigration pour les Etats-Unis?
Respectueusement,
Nathan Bronsky.
P.S. Je vis depuis quarante ans en Allemagne, à Halle-sur-Saale précisément, mais je suis originaire de Galicie, une région qui aujourd'hui fait partie de la Pologne.
[réponse]
Le 10 juillet 1939
Très cher Monsieur Bronsky,
Cela fait huit mois que votre lettre urgente se trouve sur mon bureau. Aujourd'hui seulement, j'ai eu le temps de la lire. [...] Malheureusement, je suis dans l'obligation de vous dire que concernant les chances d'une immigration rapide aux Etats-Unis pour vous et votre famille, c'est mal parti. Voyez, cher Monsieur Bronsky, tout d'un coup des centaines de milliers de Juifs désirent entrer aux Etats-Unis. [...] En remplissant et en me retournant les formulaires de demande au plus vite, le tour de la famille Bronsky viendra dans les conditions actuelles - soyons optimistes - dans environ treize ans. [...]"
Le roman se poursuit avec le Journal intime de Jacob Bronsky, fils du précédent qui vit à New York, terre promise, de petits boulots en petits boulots entre clodos et prostituées. Humour noir et situations loufoques, le style m'a souvent fait penser à Bukowski.
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