21 juin 2009

16/40: Les jouets vivants

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« Ils vont enterrer mon père et la journée est magnifique ».
Cette phrase-choc est la première d’un livre en trois parties. La première nous donne la clé de ce qui suivra. Pas toujours facile de le suivre justement, il faut un peu s’accrocher : d’un paragraphe à l’autre, parfois toutes les trois lignes, on change d’optique. Comme si on était à la fois dans la tête du narrateur où il évoque le père violent et alcoolique de sa triste enfance, et dans son regard posé sur les siens : ses enfants, sa femme, la chienne… Point fort de cette partie, la lettre au père.
« Très cher père
Au cas bien improbable, où tu te demanderais ce qu’il nous est arrivé, voici un éventail de réponses qui devrait satisfaire ta curiosité.
[…] Je ne dis pas, naturellement que ton action sur moi soit seule en cause de ce que je suis devenu.
[…] Cracher, d’une manière ou d’une autre. Cracher de l’encre sur du papier. Ecrire, qui est façon d’empoigner, de secouer, de malmener un adversaire puissant, de vaincre la peur et d’ignorer les coups, de gagner en aplomb, écrire, se révélant façon de m’en prendre à toi, ou façons de toi dont l’univers regorge. »

C’est sans doute ce qui va lui donner les armes pour combattre le monstre humain dont il est question dans la deuxième partie et affronter l’inertie de l’Education Nationale, de la police, des élus et d’autres maillons qui gravitent autour du monde de l’enfance. Après avoir tiré quelques sonnettes d’alarme et constaté que les différentes corporations préféraient étouffer le scandale, ne pas faire de vagues, il décide un matin d’attendre l’Enseignant coupable d’actes pédophiles depuis une trentaine d’années et de le conduire au poste de police du petit village où il habite lui-même. Le chef de la police est un alcoolique et lui explique :
« Vous me parlez de pédophilie mais vous faites erreur, la pédophilie, c’est des rapports sexuels entre adultes consentants du même sexe. »
Ça commençait fort !
La troisième partie retrace brièvement le procès où l’auteur est amené à témoigner et où la défense tente de l’accuser de complot contre un enseignant exemplaire, accusé à tort… Les avocats ne tiennent pas la route longtemps.
« Pourquoi tant de personnes ont quelque chose contre moi ? J’en suis peiné. Moi je suis absolument convaincu que je n’ai rien fait, ni d’agression sexuelle, ni de viol. Et je suis absolument sûr de n’avoir rien fait. De tout ce qu’on a entendu, il y a beaucoup de choses qui sont exagérées… » Etranges paroles de l’accusé…
Contrairement à ce qu’on pourrait croire cette histoire a été jugée très récemment, en 2002 ! Stupéfiant !

15/40: Pas ici, pas maintenant

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Premier livre publié par l’un de mes auteurs préférés dans lequel il évoque une enfance un peu à part: sa mère adorée mais lointaine, son père, son bégaiement, son ami, sa ville… Même si je ne suis pas complètement entrée dans ce livre, la belle écriture de De Luca est déjà là. Pigouchons de ci de là:
« Tant que la lumière fut dans ses yeux, mon père fit des photographies. » (1ère phrase)
«
Si je suis resté catholique c’est parce que cette religion parle d’un rapport entre mère et fils semblable à celui que j’ai connu avec toi durant toute mon enfance. »
« Des premières choses que j’appris seul, je me rappelle celle-ci : j’appris à ne pas attendre. »
« La lumière de la ruelle n’atteignait pas le sol.
»

14/40: Pipelines

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Ce livre présente des nouvelles très brèves de 2 ou 3 pages, ou plutôt des fragments de vie. Cela se passe surtout en Israël. Les personnages, souvent des soldats, vivent des situations cruelles, absurdes, cocasses ou complètement surréalistes.

« En pleine nuit, je me suis réveillé, épouvanté à la vue du Yesternight en train de manger un rêve que je faisais de toi. Furieux, j’ai bondi hors du lit et je l’ai tapé de toutes mes forces sur le nez. Le Yesternight a lâché les restes du rêve, mais moi j’ai continué à le taper. »

Je me suis régalée!

07 juin 2009

13/40: Chroniques de l'oiseau à ressort


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Toru Okada mène une vie simple, en couple. Depuis peu sans emploi, il fait une sorte de pause. Par petites touches, on bascule dans l’insolite. Il rencontre des personnages étranges : par exemple les deux sœurs au nom d’île, Creta et Malta ; il vit des situations surréalistes qui se règlent parfois par l’intermédiaire des rêves… Il descend au fond d’un puits pour essayer de comprendre ce qui lui arrive et méditer, loin de tout repère spacial et temporel ; il manque y laisser la vie, en revient avec une tache sur le visage et des pouvoirs surnaturels, semble-t-il…
En même temps, deux personnages parlent de la guerre du Japon contre la Russie en Chine. Ils évoquent les tortures et les massacres avec un grand réalisme.
Déroutant, drôle, original mais 850 pages, ce fut un peu long pour moi.

En voici le début:

"J'étais debout dans la cuisine, en train de me faire cuire des spaghettis, et je sifflotais en même temps que la radio le prélude de La Pie voleuse de Rossini, musique on ne peut plus appropriée à la cuisson des pâtes, lorsque cette femme me téléphona.
Je fus d'abord tenté d'ignorer la sonnerie et de continuer à préparer tranquillement mes spaghettis. Ils étaient presque prêts, Claudio Abbado et l'orchestre symphonique de Londres étaient en plein crescendo. Réflexion faite, je baissai le gaz, me rendis au salon et décrochai le combiné. On ne sait jamais, ça pouvait être un ami qui m'appelait pour me proposer un job.
- Accorde-moi dix minutes lança une voix de femme tout à trac."